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chairs vieilles - lavoir 25 mai 2012-5  

Pour les quinze ans d'existence d'À Petit Pas, Leonor Canalès investit samedi et dimanche prochains, les 27 et 28 juin, le lavoir de la rue de Saint-Malo. Ce sera l'occasion de venir redécouvrir certaines des créations qui ont marqué la vie de la compagnie, mais aussi de fêter cet anniversaire durant un week-end dédié au partage, à la musique et à l'amitié.

Leonor Canalès revient sur les origines de cette initiative.

« Je n'ai pas pris conscience tout de suite que la compagnie avait déjà quinze ans. Je m'en suis rendu compte lors de la création d'un document de communication, « cartographie », dans lequel je présentais les activités d'À Petit Pas. C'est à cette occasion que m'est venue l'envie de faire un acte fort, mais un acte à plusieurs dimensions.

Quinze ans c'est à la fois court à l'échelle d'une vie humaine, mais c'est aussi un long temps d'existence pour une compagnie.

Un quinzième anniversaire a pour moi plusieurs symboliques. Par rapport à la vie, c'est le moment de l'adolescence et presque le passage à l'âge adulte. Et je me suis également aperçue que ce chiffre quinze était présent dans divers symboles de la région, comme par exemple la présence des quinze îles du Grand Ouest.

Pour moi, c'est surtout un moment où il y a un virage à prendre. J'ai lu un jour cette phrase : « Pour prendre un nouveau chemin, il faut rebrousser chemin ». Aujourd'hui, j'éprouve ce besoin de revenir sur un schéma existant. Mais ce n'est pas un moment de nostalgie ; ce nouveau chemin, je le prends dans la joie avec le désir et les moyens de la compagnie.

Je sais très bien qu'on ne peut jamais se renouveler complètement. Je me situe actuellement au seuil d'un nouveau cycle, comme les artistes plasticiens qui explorent leur créativité à travers différentes périodes.

Ce nouveau cycle est en train de naître avec ses nouvelles couleurs, ses propres réflexions et une nouvelle structuration. Il s'agira d'affirmer des idées qui ont toujours été là, présentes en moi, mais que je dois aujourd'hui revendiquer encore plus fort.

Je vois cette fête d'anniversaire comme un rituel de passage. Je suis convaincue que nous en avons besoin, surtout à une époque où ces rituels ont perdu de leur importance. Avant, ils étaient essentiels et marquaient la vie, ils donnaient un sens au temps et au passage. C'est pourquoi j'imagine cette fête de passage vers autre chose, tout en restant dans la continuité de mon travail. 

 

 

Et comme je le dis souvent : « Rien n'arrêtera notre course ». C'est ma conviction que la joie est porteuse de vie.

Cette fête sera réalisée avec nos propres moyens, malgré les imprévus et les inconnues liées à l'organisation. J'en suis encore à me demander combien de personnes seront présentes, combien de tortillas il me faudra et si les diaporamas seront prêts à temps !

Bien sûr, l'argent qui sera récolté sera un petit soutien à la compagnie, mais je ne vois pas ce week-end comme un besoin de nous montrer. Ce sera plutôt un moyen de dire « nous vivons ». Et c'est important de le rappeler aussi simplement, surtout dans un milieu et un monde où on ne doit pas montrer sa fragilité, ses états d'âme ou ses faiblesses. Moi et mes compagnons de route, nous ne parlons pas depuis l'angle du pouvoir ; on s'exprime avec la force que l'on a aujourd'hui, cette force qui permet de rassembler des artistes qui viennent travailler avec leur volonté et leur énergie. Et je dois avouer qu'il faut quand même beaucoup de synergie et de travail pour organiser un événement comme celui-ci.

Au final, ça sera une fête qui portera toutes ces réflexions en elle. De plus, cet acte est très cohérent par rapport à la culture de la compagnie. Le lavoir de la rue de Saint-Malo est un lieu fort qui porte des valeurs. Je le vois comme cet ancien lieu de parole et de rencontre où se réunissaient les femmes, dans une des seules rues restant de l'avant-guerre. C'est un lieu populaire qui coule de source pour moi. Je n'ai pas recherché à créer le buzz en visant un choix hypermoderne, car pour moi la stratégie doit naître du sens, et non pas le créer.

En fait ce lieu populaire symbolise et amplifie l'endroit depuis lequel je me positionne en tant qu'artiste : il est ouvert à tous, rempli de musique, à ciel ouvert autour de cette pelouse où chacun peut s'installer et enlever ses chaussures pour se poser et profiter. Pour partager, cuisiner, manger et se mélanger. »

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