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Thibault Pellant est un jeune artiste breton qui, après avoir été diplômé de l’EESAB en 2015, a bénéficié de la résidence de création Les chantiers au centre d’art Passerelle, à Brest. Celle-ci s’est concrétisée en une exposition en ce même lieu, L’agonie du calamar.

D’entrée de jeu, l’espace a quelque chose d’intimidant; la pénombre et l’odeur sûrement mais surtout la sobriété des pièces exposées nous invitent à réduire notre allure, à prendre le temps de contempler les objets, de nous accorder à leur vitesse qui semble tout à coup si sereine qu’elle pourrait faire traverser le temps; et chercher à déchiffrer cette écriture insaisissable qui crève les plaques de tôle disposées dans l’espace, surfaces métalliques tenant autant des carcasses abandonnées dans le désert que des pages d’un annuaire fantasmé.

D’abord, la lumière des videos attire le regard: fascination de ces calamars qui déclinent dans un scintillement. Étonnamment celui-ci ne vient pas de l’éclairage mais du céphalopode lui-même. Ici, Thibault Pellant nous propose une installation qui mêle adroitement la surface tachetée du calamar déclinée à l’infini aux angles acérés des tôles, qui se recouvrent aussi de cette pigmentation ponctuelle. Le parallèle s’instaure peu à peu, aidé par l’odeur de pétrole baignant la pièce, dernier lien entre la fin télévisée du mollusque dans son clignotement coloré et ces plaques mystérieuses qu’il nous faut alors tenter de décoder à la lumière des cadavres expiants des calmars.

En manipulant les tôles qu’il découpe, perfore et peint pour révéler une écriture semblable à celle dévoilée dans ses vidéos, l’artiste se place en carrossier du sensible et nous confronte à des constructions qui s’organisent autour d’un dialogue perpétuel entre les calamars, les écrans horizontaux et les formes métalliques.

L’agonie du calamar est visible au centre d’art Passerelle jusqu’au 29 avril.

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