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Avec mélodie et humour, le chanteur nous embarque dans un voyage entre Paris, Montréal et le soleil de Californie. On y croise une riche galerie de vies et des métaphores qui swinguent du ciel à la mer. Retour sur un concert théâtral à La Carène, à Brest.

Je ne pensais pas sortir amusée et le coeur léger du dernier concert d’Arthur H. Agréable surprise de s’être laissée embarquer dans un spectacle « vivant », rythmé de séquences qui relèvent du set rock, de la comédie et du cabaret. Le voyage aérien du tout dernier album Soleil Dedans s’anime sur scène en un concert coloré, théâtral et festif. Le baladin parisien – l’autre homme à la tête de chou - a semble-t-il trouvé quelques pépites entre les grands espaces du Golfe du Saint-Laurent et les criques rocheuses de Californie. Moins de voix caverneuse à la Tom Waits, le voici en navigateur solitaire, épris d’une grande liberté qui cherche (et réussit) à agrandir les univers avec humour et mélodie. Le parolier demeure singulier, la musique reste exigeante (à inspiration jazz). Sa voix sensuelle s’amuse de multiples variations et tutoie davantage les aigus dans ce répertoire rythmé qui oscille entre les étoiles, la lune et le fond de l’eau. Enième galaxie d’un chanteur qui pêche ses métaphores du ciel à la mer, en quête d’infini. Ses chansons sont nourries d’une écriture simple et directe qui jongle légère avec le français et l’anglais, qui aime l’absurde et la poésie. Un univers à deux faces, dont l’une accessible invite à cueillir des aurores boréales et l’autre pourrait être « the dark side of the moon ».

Meneur de revue hurluberlu

Sur scène, Arthur H, qui s’est autrefois amusé en super héros H man, s’impose en meneur de revue hurluberlu, en chef d’un (bon) orchestre de bal. Guitare, basse, batterie et claviers à gogo imposent le swing et promènent de jolies ballades durant deux heures généreuses dans une galerie de vies.

On y croise de multiples personnages attachants. Des clandestins qui glissent vers la lumière, la Femme étoile « who came from a place so far », les zouaves du pont de l’Alma et des Papous (c’est nous)! Les plus savoureux sont aussi les plus pathétiques ; quelques damnés de la terre repérés dans les interstices d’une société dénoncée. Tel ce type qui rentre stressé du boulot et ne se calme que lorsque la Madone lui apparaît. Arthur H excelle de swing et d’absurde avec « Dancing with Madonna ». Telle encore cette « Caissière du Super », qui bosse pour son gosse sous les yeux des petits chefs et des caméras. Intro ultra rythmée sur fond de caisse enregistreuse (clin d’oeil à Money de Pink Floyd) et gros délire sur scène. Arthur H chante et danse dans un caddie avec une veste cousue d’ampoules clignotantes. Il raconte alors les coulisses du clip tourné dans un hyper près de Morlaix. « Une dimanche entier à ramper par terre au niveau des boîtes de cassoulet radioactif 1er prix ». Un cassoulet qu’il improvise sur scène et qui serait fait de porc breton passé en Chine…

Le cerveau d’Arthur H est l’aéroport de Los Angeles, c’est même lui qui le dit ! Il est un bouillement d’énergie nourrie de voyages. Quelle fraîcheur aussi ! Dans « le Bonheur c’est l’eau », on entend la pluie sur la mer et les enfants s’arroser avec des tuyaux percés. Avec le navigateur solitaire, on épouse l’infini aux chants des baleines et les rires de dauphins. Et on en passe des caps, soleil dedans, soleil dehors. Droit devant.

La navigation croise aussi des chansons « ressorties du placard ». Arthur H leur donnent du lustre grâce à de savoureuses réorchestrations. Sur « La Lune », Arthur H nous ravit dans les jeux de lumières bleues. Avec « Raïssa », les claviers s’envolent sur une douce danse amoureuse au royaume du cirque. Pour sa « Dernière nuit à New-York City », il redouble d’énergie en bandit rock aux lunettes noires.

Les rythmes s’enchaînent de manière cardiaques et ralentissent à temps, pour les rappels. Arthur H renoue là avec notre intimité. Il adresse des voeux de Soleil Dedans et on les prend sincèrement. On finit « direct » et calmement chez Marguerite Duras pour un duo avec Lou Marco (jeune interprète proposée en première partie) sur India Song. Chanson qui ne veut rien dire… et tant.

About the Author

Journaliste freelance, Marguerite écrit dans le Poulailler par envie de prolonger les émotions d’un spectacle, d’un concert, d’une expo ou de ses rencontres avec les artistes. Elle aime observer les aventures de la création et recueillir les confidences de ceux qui les portent avec engagement. Le spectacle vivant est un des derniers endroits où l’on partage une expérience collective.

 

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