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Les 29 et 30 avril, l’association ‘Tacle organise au Conservatoire botanique de Brest un festival guinguette, multidisciplinaire, éclectique et convivial, intégralement gratuit et surtout accessible à toutes et à tous. L’équipe a en effet mis l’axe de l’accessibilité au centre de son travail et propose une approche originale des propositions artistiques – par ce prisme. La participation est également au coeur de ses préoccupations avec un fort accent sur la médiation en amont du festival, par le biais d’ateliers pratiques. Un projet qui ouvre des perspectives nouvelles dans les manières de concevoir la culture.

Entretien avec l’équipe d’étudiants en Master Management du spectacle vivant (UBO), porteurs de ce projet

Quelle est la nature du projet ?

C’est la reconduction d’un projet de l’an dernier et le but pour l’association qui le porte, ‘Tacle, est cette année de consolider le partenariat avec le Conservatoire botanique. Il s’agit d’un lieu de préservation et nous souhaitons montrer que le spectacle vivant peut respecter un tel lieu, de manière à pérenniser l’événement sur le long terme. On pense que c’est possible de l’implanter durablement à Brest.

Pour cela, nous avons décidé de choisir une année thématique, de laquelle découle une programmation cohérente, autour de la guinguette.

Comment le Conservatoire botanique accueille-t-il cette proposition ?

La direction du Conservatoire a été charmée par la première édition, qui a été un succès. Les spectateurs ont apprécié le festival dans un cadre bucolique. Sur les conseils de la promotion précédente et du service « Espaces verts » de Brest Métropole, nous avons circonscrit le lieu des spectacles – sous la cascade et près du ruisseau. Nous cherchions à gagner en convivialité, monter un événement qui soit avec et pour les spectateurs. Les spectacles ont un caractère familial, s’adressent à des publics de tous les âges, de tous les horizons. Notre originalité tient surtout à l’importance de la médiation, par l’organisation d’ateliers de déco et de fabrication de signalétique, qui nous ont permis de rencontrer des enfants, des personnes âgées, des personnes à mobilité réduite et des étudiants. Nous sommes en quelque sorte sortis du cadre du « spectacle vivant », pour aller vers la fête populaire, regrouper du monde.

Cette activité de médiation pourrait donc être un fil conducteur à l’année, en amont du festival lui-même ?

Tout à fait, et de nombreux partenaires nous ont demandé une mise en place dès le début de l’année. Pour nous, c’est une autre manière de diffuser le spectacle vivant. De plus, les ateliers peuvent être programmés en interne des structures, ce qui est précieux, car il faut parfois un cadrage particulier, des compétences, des animateurs relais qui s’investissent, dans le cas des ateliers en EPHAD par exemple.

Le projet dépasse en effet la forme du spectacle vivant…

Nolwenn Champagne – La femme tatouée (c) Nolwenn Champagne

C’est Zoé qui a eu l’idée de l’ouvrir à la question du handicap, et nous avons été emballés par cette dimension sociale, socio-culturelle.  La frontière entre la culture avec un C majuscule et le socio-culturel est parfois épaisse. De plus, les structures partenaires étaient demandeuses, ce qui a créé un véritable échange.

Cette relation permet de travailler une accroche pour un public qui croit que ce n’est pas pour lui, et pour nous, elle permet de connaître les situations particulières, comme celle des spectateurs en situation de handicap, et de réagir en fonction d’elles.

En quoi la notion d’accessibilité est-elle centrale dans votre travail ?

Concrètement, par la gratuité de l’événement, par l’accessibilité pour les personnes handicapées ou des familles avec poussettes, mais aussi par le travail autour des barrières mentales, sur le spectacle vivant en général et sur la programmation elle-même.

Nous avons voulu montrer que ne pas voir n’empêche pas de voir de la danse. La question fondamentale est de savoir ce que l’on peut attraper en termes de matière artistique. Nous avons construit un programme qui puisse être lu autrement que par l’esthétique et les a priori que cela véhicule.

Comment qualifieriez-vous votre programmation justement ?

Loig Pujol – Des pays-sages passages comme des images (c) Philippe Erard

D’éclectique ! Toutefois, cette année, nous avons travaillé uniquement avec des artistes locaux, bretons.

Nous avons aussi construit cette programmation en fonction du lieu, avec des spectacles qui ne nécessitent que peu d’installations, dans le cadre bucolique du Conservatoire botanique, dans cet espace de verdure qui fonctionne comme un écrin et que nous ne voulons pas faire disparaître. Il s’agit bien de faire en sorte que l’espace en place devienne un décor. Les compagnies Ping-Pong et Magma s’intéressent à la nature en soi sans ajouter de tapis ou de fond de scène. De même, Loïg Pujol et Nolwenn Champagne s’inscrivent dans la scénographie imaginée. Nous avons vraiment travaillé en harmonie avec le lieu, dans une écoute mutuelle.

L’éclectisme de votre programmation se ressent beaucoup dans le domaine musical.

JJ Mel Chante Boby Lapointe

En effet, Jean-Jacques Mel joue du Boby Lapointe, Les mots en l’air proposent du cabaret chanson, dans un style burlesque, et Mack the knife – du swing. De plus, ces trois structures travaillent ensemble, dans le même bureau de production, ce qui nous a beaucoup intéressés. Nous avons travaillé sur une visibilité pour ces artistes morbihannais.

Nous avons aussi souhaité nous appuyer sur des talents amateurs, avec des groupes de musique locaux et étudiants, comme l’ensemble TohUBOhu et la Fanfare Pétarade, qui répètent à l’UBO. Cette dernière est un gros ensemble de cuivres, qui donne encore une autre énergie, un autre registre. Nicolas Péoc’h, qui dirige TohUBOu, fait un jazz moderne, c’est un très bon musicien. On a du jazz encore avec les Ragamuffins, avec six jazzmen du style années 20-30, avec un répertoire explorant des registres peu communs, rétro mais inédit et très authentique.

Ce sera donc une après-midi très musicale et dansante. L’ouverture et la fermeture se feront en compagnie de Tremma, pour un Fest Noz – plutôt un Fest Deiz! – et de Duo du Bas, deux chanteuses, l’une bretonnante, l’autre originaire du Pays basque. Elles travaillent sur la narration entre deux traditions linguistiques et montrent comment on peut transmettre l’histoire dans des langues différentes, avec des musiques du monde.

On peut aussi signaler la compagnie MO3, qui était au festival l’an dernier et qui revient cette année, et une forme particulière, dimanche pendant le pique-nique : des duos d’artistes interviendront auprès des spectateurs, en se déplaçant pour faire des interventions courtes de cinq à quinze minutes, dans un registre intimiste et informel. Il s’agit de semer le doute, de mettre les spectateurs dans une atmosphère particulière pendant une activité triviale, celle de manger, et de les faire voyager, d’en faire un moment déjà artistique. Ces chuchoteurs apporteront du théâtre d’improvisation sans qu’il soit mis en scène.

Vous êtes une équipe composée de personnes aux sensibilités très diverses. Pourquoi avez-vous, chacun, choisi ce projet ?

Mack The Knife (c) MTK

Ludovic : Pour ma part, par sensibilité à la nature, à la campagne. Un autre projet de notre promotion, Uptown Sessions, était par définition très urbain, j’avais envie de travailler autour de la nature.

Florent : J’ai été tenté par l’idée de monter plusieurs spectacles dans un cadre inhabituel. Le Conservatoire Botanique est un lieu ouvert, j’étais intéressé par un projet dans l’espace public.

Maïliz: Travailler sur la singularisation et la reprise d’une identité est un défi qui m’a interpellée. N’étant pas Brestoise, j’aimais l’idée de développer un projet local avec une identité forte, pour mieux connaître cet espace, à la fois dans sa diversité culturelle mais aussi au regard du patrimoine naturel.

Pour Cindie et Zoé, le potentiel du projet sur la médiation a été un point déclencheur pour s’investir dans le projet. Elles souhaitaient construire autre chose qu’une programmation, un projet plus complet pour nos tutelles et partenaires.

Pour en savoir plus:

https://www.facebook.com/LaBelleAcanthe/?fref=ts

 

http://www.cbnbrest.fr

http://www.epal.asso.fr/le-semaphore-du-pays-de-brest.php

https://www.facebook.com/avelizeevents/

 

About the Author

Notre agrégée de lettres passe en revue tous les articles, les relit, les corrige. Elle écrit pour différentes revues des articles de recherche en littérature et sciences humaines et s’appuie également sur ses multiples casquettes pour développer les partenariats du Poulailler, en russe, en français, en italien… Natalia pratique le théâtre amateur et bavarde à longueur de journée (en russe, en français, en italien…).

 

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