Des extraterrestres pacifiques débarquent sur Terre. La population est en liesse et voit dans cet évènement le début d’une nouvelle ère. Christian, disquaire acariâtre et névrosé, ne partage pas cet enthousiasme général. Déchiré entre une mère atteinte de la maladie d’Alzheimer, une tante opiomane, une épouse exigeante et une maîtresse jalouse, il broie du noir. Et ce n’est pas les aliens qui, selon lui, changeront quelque chose à la situation. Jusqu’au jour où l’une de ces créatures venues de l’espace pousse la porte de son magasin afin de découvrir ce qu’est la musique…
Deux auteurs brestois qui unissent leur force et leur talent pour raconter une histoire d’invasion extraterrestre, ce n’est pas courant et ça attise forcément la curiosité. Surtout quand les deux auteurs en question se nomment Arnaud Le Gouëfflec et Obion. Le tandem, à l’origine du Vilebrequin, paru chez Casterman en 2007 (et dont la sortie avait été contrariée par des problèmes d’impression), s’est en effet reconstitué pour imaginer un récit de science-fiction à la fois drôle, mélancolique et poétique. Un récit qui ne ressemble à aucun autre et qui confirme, si besoin est, la singularité des deux artistes. Il se dégage en effet de ce one shot un charme désuet qui rappelle, par certains côtés, le travail du cinéaste Sylvain Chomet (Les triplettes de Bellevile). Car nous sommes loin, ici, des invasions d’aliens belliqueux chers au producteurs hollywoodiens, Soucoupes prenant le contre-pied des clichés pour nous entraîner dans une aventure atypique doublée d’une belle déclaration d’amour à la musique et à l’Art en général, Art qui décloisonne les esprits et dont le langage universel permet de nouer des relations humaines voire… extraterrestres. Le tout est servi un graphisme épatant et tout en rondeur qui achève de faire de cet album un ouvrage aussi savoureux que décalé.