La Lucha Libre : l’art du «N’importe quoi»

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Quand trois anciens catcheurs mexicains, arrivés à Brest par hasard, décident de se reconvertir dans la musique, il faut s’attendre à tout, même au meilleur. Surtout quand le trio masqué en question a pour nom la Lucha Libre et prétend composer « de la musique sérieuse en faisant n’importe quoi ». Une démarche qui porte ses fruits comme en atteste, après le jubilatoire et décomplexé Porn Pixel,  Death by Muerte, le deuxième opus du groupe d’électro-rock qui sortira en février sur le label finistérien Pay-Day Records. El Gordo (le Gros), l’un des lutteurs, nous en dit plus sur ce disque plus sombre que le précédent mais fidèle à l’esprit iconoclaste et décalé de la Lucha.

La légende veut que vous soyez arrivés du Mexique sur un pédalo. Pouvez- vous confirmer ces dires?

El Gordo : Oui, nous étions trois catcheurs au Mexique et nous avons été virés par la Ligue professionnelle pour des coups irréguliers à répétition lors des combats. Les spectateurs appréciaient mais les responsables de la ligue de Catch - beaucoup moins et ils ont décidé de nous poursuivre. Nous avons alors pris la fuite en pédalo au départ de Guadalajara, qui comme chacun sait est près de la mer et, après quarante jours et quarante nuits à dériver sur l’océan, nous sommes arrivés à Brest.

De jour ou de nuit?

De nuit et dans des conditions rocambolesques.

Comment passe-t-on du catch à la musique?

Par hasard ! Durant notre traversée, nous avons remarqué qu’El Flaco (le maigre) avait une jolie tessiture de voix quand on le torturait avec El Loco (le Fou). Il arrivait à sortir un La parfait dans les aigus et on s’est dit qu’il ferait une bonne voix de tête. C’est de là qu’est née l’idée de nous lancer dans la musique. Et puis, avouons-le, le catch, à Brest, n’est pas une discipline très développée et notre avenir en tant que lutteurs semblait compromis.

Et ensuite?

Nous avons sorti un premier CD 3 titres intitulé George Best, fin 2012, soit trois mois après notre décision de nous lancer dans la musique. Ce premier CD est sorti sur le label Pay-Day Records. Puis, en 2013, toujours sur le label Pay-Day, nous avons sorti notre premier album, Porn Pixel. Toutes ces productions ont été enregistrées chez nous. On a appris à mixer les morceaux avec Gibouille, à la Carène et depuis on fait tout nous-mêmes.

Vous vous apprêtez à sortir en février un deuxième opus, Death By Muerte. Deux albums en quinze mois, ce n’est pas courant à l’époque actuelle…

Nous avons une envie compulsive de sortir des trucs, de les enregistrer, de les mixer. Et avec les nouvelles technologies, c’est évidemment plus facile. Nous avons encore une trentaine de morceaux en stock.

Pouvez-vous nous en dire un peu plus sur ce deuxième opus?

Le premier album était un peu décousu et manquait d’un fil conducteur. Nous avons voulu développer sur ce deuxième disque, un univers plus cohérent. Plus cohérent sur les thèmes mais aussi sur les ambiances qui sont plus atmosphériques. Mais il y a aussi quelques morceaux plus dansants. C’est un disque plus contrasté et surtout plus sombre et plus trash que le précédent. Il ressemble un peu à la bande son d’un film d’horreur ou à celle d’un métrage de Lars Von Trier. Il y a plus de guitares aériennes et nous donnons tous de la voix, et notamment El Flaco qui, comme je vous le disais, est bâti comme une serpillère mais peut monter très haut dans les aigus.

Certains artistes vous ont-ils particulièrement inspirés?

Oui, on a beau être Mexicains, on n’écoute pas de musique Mariachi. Ou très peu… Les influences pour ce disque vont de David Bowie époque Ziggy Stardust à LCD Soundsystem en passant par les Pixies.

Sur Porn Pixel, vous rendiez hommage à George Best, célèbre joueur de foot ayant fait les beaux jours de Manchester United, dans les années 60/70. Sur Death By Muerte, vous dédiez une chanson à Bruno Grougi (Saint Bruno Grougi) du Stade Brestois 29.Lecatch, le foot et la musique sont-ils à ce point compatibles?

Evidemment, le foot et le catch, c’est la même chose. Dans les deux, les matchs sont truqués. Et puis il y a un esprit de compet’, le but étant d’écraser l’autre. Mais attention, je n’englobe pas dans mes propos le Stade Brestois, car ça, c’est un club propre, irréprochable. On ne touche pas au Stade Brestois ni à Saint Bruno Grougi.

Justement, il paraît que vous avez lancé un défi à Bruno Grougi?

Oui, si Brest monte en ligue 1, il a promis d’enfiler le masque de catcheur en fin de match pour le tour d’honneur.

Quelques mots sur le Luchathon lancé sur Internet…

L’album est finalisé mais nous lançons un appel sur Internet afin de financer le pressage et si possible réaliser une sortie vinyle. Pour 10€, les souscripteurs ont l’album en version numérique, pour 15, en version physique. Et pour 50€, nous livrons le disque à domicile et nous buvons un coup avec le souscripteur.

Vous proposez également des concerts?

Oui pour 300€ on fait un concert à domicile mais les hôtes sont contraints de nous loger et de nous abreuver. Pour 500€, le souscripteur a même le droit de se déguiser en panda et de monter sur scène avec nous durant un concert et d’avoir son heure de gloire! Si ce crowdfunding ne fonctionne pas, nous mettrons en vente, dans les cinq derniers jours, un rein d’El Loco. Mais nous espérons évidemment ne pas avoir besoin d’en arriver là!

En savoir plus

La lucha libre

https://www.youtube.com/watch?v=jPCThkyTWls&list=UUTdRht3F6drpHgGk4TjE7cA
https://www.youtube.com/watch?v=HHYjmATubAE

https://www.youtube.com/watch?v=dRMlYJA0CzY&list=UUTdRht3F6drpHgGk4TjE7cA

 Luchathon

About the Author

Né en 1975 à Saint-Nazaire, Erwan Bargain est auteur et journaliste indépendant, spécialiste du cinéma Fantastique. Il collabore ainsi à L’Ecran Fantastique ainsi qu’au Guide des Films, dirigé par Jean Tulard (éditions Robert Laffont). Parallèlement, il est l’auteur de recueils de poésie (Poèmes Carnivores, Humâlité, Schizométrie, La Folie des Glandeurs et L’Asymétrique), de livres pour enfants (aux éditions Le pré du plain), de pièces de théâtre (Dis le Moi! et Reprise des Négociations, chez Lansman), de romans (Des Cendres, Altérations ou la théorie de Corto et Old School, aux éditions Terriciaë) et d’un recueil de nouvelles (En marche Arrière, aux éditions Les Alchimistes du Verbe) . Depuis 2007, il a rejoint le groupe de trip-hop jazz, e-Sens qui, après un premier album, Le Verbe du Début, distribué en 2009 par Mosaïc Music, a sorti en 2013, son second opus intitulé L’Asymétrique (L’Oz Production/Coop Breizh).

2 Comments

  1. fabien ribery / 2 décembre 2014 at 18 h 52 /Répondre

    Tu me les présenteras ? ils m’épatent -

    Ils pourraient faire la bande son pour un film de mon ami belge Jean-Jacques Rousseau, l’Ed Wood des temps apocalyptiques. Qu’en penses-tu ?

    Bravo pour cet article -

    • erwan bargain / 3 décembre 2014 at 10 h 39 /Répondre

      Merci Fabien pour ce commentaire
      je te présente cette bande d’azimutés quand tu veux!

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