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Rencontre avec Mesdames Eliane Bouvier, épouse de Nicolas Bouvier, et Marlyse Pietri, fondatrice des éditions suisses Zoé au salon de l’hôtel Continental, Brest, le mardi 16 septembre 2014

Fabien Ribery: Comment peut-on vous présenter Madame Pietri ?

Marlyse Pietri: J’ai fondé en 1975 les éditions Zoé, que j’ai dirigées jusqu’en 2011. Maintenant, j’ai encore la charge d’un domaine, les écrivains suisses de langue allemande, ce que j’aime beaucoup, et tout ce qui peut concerner encore les œuvres de Nicolas Bouvier et d’Agota Kristof. L’œuvre de Robert Walser est au cœur de mon travail actuel.

FR: En lisant la très belle édition Louis Vuitton, S’arracher, s’attacher, textes choisis dans l’œuvre de Nicolas Bouvier pour la collection Voyager avec…, pour laquelle vous avez sélectionné des lettres inédites, notamment à ses parents, et des photographies peu connues, je me suis dit que vous aviez dû prendre un immense plaisir à accomplir ce travail.

MP: Mon plaisir a été énorme. J’ai été épaulée par Doris Jakubec, historienne de la littérature. Nous avons relu Bouvier en intégralité, c’était magnifique. Le parcours a été un choix de textes qui sont un voyage comme il le voulait, vers l’est d’abord, puis vers l’ouest. Nous avons travaillé en étroite collaboration avec le musée de l’Elysée de Lausanne pour les photographies.

FR: Vous avez eu aussi la bonne idée d’insérer des poèmes de Nicolas Bouvier dans cette édition. L’hommage est donc total.

Eliane Bouvier: Là vous tombez dans mon domaine, c’est ce que je préfère.

FR: Pour construire cette édition publiée par Louis Vuitton vous avez eu des liens avec Maurice Nadeau. J’aimerais qu’on le présente aux lecteurs qui ignoreraient peut-être son importance.

MP: Il est décédé entre le moment où il a accepté le texte et la parution du livre. Pour moi, c’est un fidèle de la vraie littérature, et c’est un homme libre. Il a fait cinquante ou soixante ans d’édition. Il a toujours quitté les lieux où il avait le sentiment qu’on le brimait. Il a été un grand découvreur, par exemple de Michel Houellebecq avec Extension du domaine de la lutte. C’était un merveilleux passeur. J’ai une immense admiration pour cette personnalité des lettres. C’est un modèle pour moi.

FR: Quelle est la spécificité des éditions Zoé ?

MP: Nous avons choisi des écrivains de la langue, qui accordaient beaucoup d’importance aux mots, comme Nicolas Bouvier en particulier. Nous avons fait beaucoup de traductions de l’allemand, puis avons ouvert une collection de textes d’autres continents dont les auteurs appartenaient à d’autres cultures. En tant que Suisses, c’était tout à fait naturel de faire cela. Nous ne voulions surtout pas rester enfermés dans la littérature suisse. Une maison d’éditions se construit sur plusieurs dizaines d’années, mais j’estime que nous avons pu faire venir chez nous tous ceux auxquels nous tenions énormément. Au début nous étions un collectif de quatre personnes. J’ai appris à imprimer moi-même les livres sur une très grosse machine pendant dix ans, ce qui est très soixante-huitard.

FR: Peut-on imaginer une édition de L’Usage du monde avec le texte, les dessins et les photographies ?

EB: Nicolas Bouvier voulait certes faire le livre du monde, mais ce serait trahir sa volonté et celle de Thierry Vernet de rajouter des photographies.

FR: Quel est le premier livre de Nicolas Bouvier à avoir rejoint les éditions Zoé ?

MP : La poésie. J’avais lu dans le Journal de Genève le poème « La dernière douane », qui parle de la mort. J’ai été tellement impressionnée par ce texte que je ne voyais plus que cela. Il était comme projeté sur une paroi. J’ai écrit à Nicolas Bouvier, qui n’avait plus d’éditeur, puisque Bertil Galland son premier éditeur avait fermé. C’est ainsi que les choses se font. A l’époque nous n’avions pas de diffusion en France, et notre édition a été assez vite épuisée. On a alors proposé de faire une deuxième publication en coédition avec La Découverte. Je n’ai pas aimé cette expérience, où j’ai eu l’impression de perdre mon identité, si ce n’est mon âme. Une fois que cette édition a été épuisée, nous avions cette fois un très bon diffuseur en France, Harmonia Mundi, et nous avons de nouveau publié, mais seuls, les poèmes. La toute dernière édition est sortie juste avant la mort de Nicolas. C’est le seul recueil de poèmes des éditions Zoé. Je l’ai par la suite proposé aux éditions du Seuil, qui en a fait une édition de poche, avec une préface de Doris Jakubec. Nous avons toujours travaillé à l’idée d’un public le plus large possible, sans idée de nation ou de patrie.

FR. Traduit-on beaucoup de par le monde aujourd’hui Nicolas Bouvier ?

EB: Je ne peux pas vous dire combien il y a de traductions, mais c’est considérable. J’ai à l’instant dans mon sac une édition provenant du Pérou. Les poèmes ne sont pas encore traduits en japonais, à la différence de Chronique japonaise. Ils ont été édités en arménien, en grec, etc. La poésie est extrêmement difficile à traduire, c’est chaque fois un exploit, et c’est passionnant. Je reçois beaucoup de demandes, je suis constamment sollicitée, par les étudiants ou les universitaires aussi.

FR. Il doit être bien difficile d’avoir une vie pour vous, en dehors de l’œuvre de Nicolas Bouvier. Avez-vous le temps de peindre ? Je sais que vous avez cette passion.

EB: Je n’ai plus le temps. Je n’ai plus la maison de Cologny. Mon appartement se prête moins à la peinture. Quand je le peux, je dessine. Je suis au service de l’œuvre de Nicolas, et c’est très accaparant. Je communique avec La Découverte, et j’ai un excellent rapport avec la bibliothèque de Genève où se trouve le fonds Nicolas Bouvier, et la personne qui s’en occupe. Parfois, j’ai l’impression que cela devrait s’arrêter, mais ça reprend de plus belle quand je pense que c’est la dernière fois.

MP: Il faut espérer que ça augmente encore, c’est cela qui compte, vous ne pensez pas ?

FR: C’est toute la question de la postérité. Il faut imposer internationalement le nom, pour que l’œuvre soit définitivement inscrite dans le paysage des lettres mondiales. J’ai souvent eu la discussion avec Rita Gombrowicz, la veuve de Witold Gombrowicz, qui n’a de cesse de répondre à cette ambition. Il reste peut-être un temps intermédiaire dans lequel il faut travailler d’arrache-pied à une reconnaissance accrue de l’œuvre de Nicolas Bouvier. C’est harassant, indispensable, mais aussi très gratifiant.

EB: Je n’ai rien fait pour.

MP: L’œuvre de Nicolas Bouvier peut être connue bien davantage encore, nous n’en sommes qu’au début.

FR: En lisant le volume monumental de la correspondance avec Thierry Vernet, je me demandais si vous souhaitiez publier la suite, ou d’autres correspondances, par exemple celle que vous avez entretenue avec votre mari.

EB: Non. J’en ai des cageots entiers, mais je ne veux pas.

FR: Quand on aime le style, la malice, la lucidité de Nicolas Bouvier, c’est pourtant un tel plaisir de le retrouver et continuer à le lire dans toutes ses dimensions.

EB: Quelquefois je prends un classeur et je ris tout le temps. On s’écrivait énormément, évidemment. Quand nous étions au Japon par exemple, je suis rentrée en décembre 1965 avec les enfants, et lui est resté encore quatre mois. Il m’écrivait constamment, et moi aussi. Il n’était pas question de se téléphoner, dieu merci. L’écriture laisse des traces.

MP: Ce qui est frappant, quand on relit en entier Nicolas Bouvier, c’est que rien n’est anodin. Il faut penser à la correspondance après, même si je ne serai plus là pour la voir. Eliane, si tu veux mettre des barrières à ta correspondance avec Nicolas, il faut bien cadrer les choses, car un jour ce sera recherché, et peut-être que ce sera utile, pas du tout maintenant, mais dans le futur. Il faut dire par exemple comme Max Frisch, tel journal ne sera publié que vingt ans après ma mort. Je ne le verrai pas, c’est dommage pour moi, mais il faudra laisser la possibilité dans quinze ans peut-être d’une publication.

EB: Je n’aimerais pas du tout de mon vivant, sûrement pas, c’est trop personnel. Et puis j’ai deux fils, il faudrait qu’ils soient d’accord. Je ne suis pas sûre qu’ils seraient très contents. Pour l’instant, ils en ont par-dessus la tête. Mon fils aîné écrit. Ils se tiennent à distance, ce que je peux comprendre.

MP: L’œuvre de Nicolas n’est pas une petite œuvre. Dans un siècle on le lira encore, et encore plus, très certainement.

EB: Je pourrais écrire un livre avec le contenu de beaucoup de ses lettres. Il me raconte tellement de choses. Nicolas écrivait pour lui, pour les autres, il adorait ses fils. Même quand il était très malade et mourant, on n’a jamais parlé de la suite. Jamais, on n’a évoqué cela, jamais. Au fond, il était déjà heureux du succès obtenu de son vivant. Je n’ai pas pensé à ce qui me tombait dessus quand Nicolas est décédé. Je ne savais pas que ce serait aussi important. Dans son esprit, je ne crois pas qu’il pensait à la postérité. Beaucoup de jeunes viennent me trouver parce qu’ils veulent partir. Nicolas leur disait toujours : « Si vous n’êtes pas fait pour ce genre de vie, ce genre de voyage que vous imaginez à travers mon livre, rentrez, ce n’est pas un échec, ce n’était juste pas la bonne route pour vous. »

MP: Je pense que le rapport même qu’il avait à la mort faisait qu’il n’allait pas se préoccuper, comme un terrien, de ce qui allait rester, se développer après.

FR: J’allais justement vous demander des nouvelles du marronnier, qui a tant compté pour vous deux.

EB: C’est la seule chose qui me manque depuis que j’ai quitté la maison. Quand je relis les poèmes, je relis toute ma vie sous le marronnier. J’ai quand même vécu cinquante ans dans cette maison.

FR: Je me posais la question de la postérité de l’œuvre de Thierry Vernet, mort en 1993.

EB: Thierry et Floristella n’ont pas eu d’enfant. Il n’y a que de neveux et nièces. C’est très différent.

FR. Est-ce qu’il y avait des velléités littéraires chez Thierry Vernet ? Je suis frappé par la vivacité et l’inventivité de son style.

EB: Il avait une énergie incroyable. Chaque fois que nous recevions une lettre de Thierry, nous la lisions à haute voix, on s’amusait. Nous habitions Genève, il habitait Paris.

FR: Quelle est la part de l’au-delà dans la conception de l’existence de Nicolas Bouvier ? Je pense au Poisson-scorpion, et à la scène du revenant, le Père Alvaro.

EB: Ceylan pour lui était le paroxysme de la perte de la raison. C’est cela qu’il a voulu montrer. Il était en train de perdre la tête, heureusement juste pas assez pour ne pas oublier de prendre le bateau et de partir au Japon.

FR: En lisant la correspondance, je suis frappé par la place qu’y occupent ses problèmes de santé.

EB: C’était énorme. Quand je l’ai rencontré à son premier retour de Japon, il avait constamment des crises de malaria. Parfois, on passait devant un restaurant qui sentait la frite, et j’avais l’impression qu’il allait s’évanouir. Le foie en avait pris un coup. Pour lui l’écriture était une façon de s’alléger, de devenir plus pur, de se débarrasser de ses scories. Il avait horreur de la lourdeur. Il en avait la hantise.

FR: C’est une obsession de grand styliste. On peut penser à Céline, pour qui mettre à distance la lourdeur était une obsession.

EB: Tout à fait.

MP: Et il était heureux la première fois où dans les médias français on l’a appelé « le Suisse aux semelles de vent », en référence au livre de Michel Le Bris, qui l’a invité chaque année d’ailleurs au festival Etonnants Voyageurs.

FR: En le lisant, on a l’impression qu’il aurait pu ne pas rentrer en Suisse, à Genève, jamais.

EB: Il ne souhaitait pas du tout rentrer quand il était au Japon. Il s’était déjà engagé sur un bateau américain qui faisait, me semble-t-il, la pêche aux coquillages. Il allait repartir. Mais il est rentré par amour filial, parce qu’on lui a dit que sa mère n’allait pas très bien, alors qu’elle a vécu encore trente ans après.

FR: L’argument final, l’ultime, c’est la mère. C’est un classique.

EB: Oui, c’est ça. Il se disait qu’il ne pouvait pas aller jusqu’à ne plus revenir. Mais il a eu un retour idéal. Le Canal de Suez venait d’être fermé. Il a vécu cinquante jours en mer, en faisant le tour de l’Afrique, ça ne pouvait pas tomber mieux.

FR: Il n’a pas écrit sur l’Afrique, n’est-ce pas ? Son axe était vraiment d’explorer les cultures écrites, depuis la Mère, l’Asie, la source.

EB: Les cultures purement orales l’intéressaient moins, il le disait très bien.

FR: Est-ce que ce qu’il appelait ses « trous noirs », ses grands moments de dépression, étaient liés à un sédentarisme forcé ?

EB: Oh la la, il a eu de grosses dépressions, effectivement. Il y a eu une grande dépression, c’était la seconde, après le retour d’Indonésie, quand il s’est rendu compte qu’il ne pouvait vendre ses photographies à personne. C’était la chute dans le vide. C’était toujours par rapport à des échecs, ou des refus, quand il se disait qu’il ne servait à rien, qu’il n’avait pas de reconnaissance. Je précise qu’il n’était pas du tout suicidaire. Les moments de dépression n’étaient pas du tout liés au sédentarisme. L’échec de publications pouvait le désespérer.

FR: Vous avez dactylographié L’Usage du monde, je crois.

EB: Oui, trois fois. A la quatrième, je lui ai dit que c’était fini, qu’il pouvait se débrouiller tout seul [rires], car il changeait toujours quelque chose. Il était un perfectionniste absolu. Je me suis bien énervée. Il m’a appris la patience, ce qui n’est pas ma nature profonde. J’ai pris sur moi. La poésie, ce n’est absolument pas cela. J’allais me coucher, il restait sous le marronnier. Il écrivait ses poèmes généralement la nuit, presque d’une traite. Le lendemain matin, il me lisait son poème, qui pour lui était un cadeau. Nous échangions tout le temps. J’étais parfois aussi très critique.

FR: Oui, vraiment ?

EB: J’étais plus critique, plus sévère, avec Le Poisson-scorpion. Nous avions déjà vingt ans de vie commune. A l’époque je travaillais pour le CICR, la Croix-Rouge internationale. C’est d’ailleurs pour cela qu’il a pu écrire Le Poisson-scorpion. Il aurait voulu écrire en exergue, ce que Bertil Galland avait refusé : « Ce livre, je le dois à Henry Dunant, créateur de la Croix-Rouge, et Johnny Walker. » Je trouvais cela génial. C’était la première fois qu’un salaire tombait tous les mois à la maison.

MP: On pourrait demander à Gallimard de réintroduire cette phrase [qui édite Le Poisson-Scorpion]. Je crois que c’est tout à fait envisageable.

FR: Au début de la correspondance avec Thierry Vernet, il y a une atmosphère parfois de religiosité protestante, qui disparaît par la suite.

EB: Il y avait dans sa famille, comme dans la mienne d’ailleurs, des lignées de pasteurs. Chez Thierry Vernet, c’était plus ouvert. Son père s’était converti au catholicisme.

FR: On le remarque dans ses lettres, parfois grivoises.

EB: Absolument. Chez les Bouvier, les grivoiseries passaient moins bien…

FR: Comment situer Nicolas Bouvier dans les lettres suisses ?

EB: Il a beaucoup aimé Charles-Albert Cingria, sur qui il a écrit. Il a été assez relié avec Chessex mais ça n’a pas duré. Il n’a pas aimé quand Nicolas a commencé à avoir du succès. Il était proche de Maurice Chappaz. Il respectait beaucoup Gustave Roud, sur qui il a écrit. Il a beaucoup écrit sur Lorenzo Pestelli, qu’il a protégé. Il l’a aidé à publier.

FR: Peut-on le présenter ?

MP: C’est un écrivain d’une génération plus jeune, qu’il a rencontré au Japon, qui est d’origines anglaise et italienne, et qui est très apprécié par ceux qui aiment la littérature dite du voyage, parce qu’il a écrit un très grand livre, Le long été, sur la traversée de l’Asie, mais dans l’autre sens que celui de Nicolas Bouvier. C’est une Asie qu’il voit de façon combattive, de façon poétique et politique, dans le mal qu’ont fait les Occidentaux. Il y a de véritables trouvailles. Le livre est énorme. Nicolas Bouvier a fait la préface. Il est mort à moins de quarante ans. Nicolas l’a soutenu au point qu’Eliane a dû recueillir toute la famille avec les deux enfants chez elle pendant très longtemps quand il arrivait d’Asie. Moi, je l’ai rencontré en mai 68.

EB: Nicolas Bouvier était à Paris en mai 68, ça l’intéressait beaucoup, il me racontait tout.

FR: Je me demandais s’il n’y avait pas une correspondance avec Ella Maillart.

EB: On était très copains, mais les échanges n’étaient qu’oraux. Très modestement, elle disait toujours à Nicolas : « Toi, tu es un écrivain, moi, j’écris. » Elle était très lucide sur elle-même. Elle avait dit à Nicolas qui l’avait consultée avant son voyage : « Là où vivent des gens peuvent vivre des voyageurs. »

FR: Y avait-il des liens avec Philippe Jaccottet ?

EB: Ils ne se connaissaient pas vraiment, mais avaient beaucoup d’admiration l’un pour l’autre.

FR: On n’a pas de textes très formalisés de Nicolas Bouvier sur son séjour aux Etats-Unis, je crois.

EB: Il a découvert l’Amérique très tard. Il a surtout enseigné en Californie puis à New York. On voyageait dans d’autres conditions.

FR: Thierry Vernet a-t-il continué à voyager ?

EB: Non, plus du tout.

MP: Il a dit qu’il en avait assez vu. C’était une autre vie.

FR: Il y a désormais deux prix Nicolas Bouvier, l’un à Saint-Malo, l’autre à Genève. Quels sont-ils ?

EB: Le prix de Saint-Malo récompense en principe des écrivains voyageurs. Le prix de Genève est destiné à des journalistes étrangers concernant le rayonnement de la Suisse, la vision de la Suisse. C’est tout à fait autre chose. Il y a textes, photos, films.

FR: Peut-on évoquer pour conclure le groupe d’Olten ?

EB: C’est une association d’écrivains, avec Chessex notamment, qui s’étaient séparés de l’Association suisse des écrivains, qu’ils trouvaient beaucoup trop à droite, après un texte sur une défense de l’armée. Les trois-quarts des écrivains sont partis dans le groupe d’Olten, ça a été très violent. Tout cela avait lieu dans les années 70.

FR: Vous avez évoqué Madame Pietri Mai 68. Nous vivons une époque extrême-droitière dont l’obsession est de réécrire l’histoire sociale de notre pays, et celle des révolutions. Puis-je avoir votre sentiment sur cet événement exceptionnel ?

MP: Mai 68 tel que je l’ai vécu signifie pour moi que l’utopie est possible.

About the Author

Agrégé de lettres modernes, chargé de cours à l’Université Bretagne Ouest, dont les recherches concernent notamment la littérature contemporaine. Journaliste free lance.

 

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