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Six candidat-e-s de la 3è circonscription répondent aux questions du mouvement Pays de Brest pour la culture

Réponses des candidat.e.s « Rassemblé.e.s ! Pour une société juste et écologique » 

Nathalie CHALINE et Thierry ABALEA (suppléant) pour Brest-Centre – Circo 2902 

Patrick APPERE et Marie QUETIER (suppléante) pour Brest-Rural – Circo 2903 

 

Quelle nouvelle impulsion comptez-vous donner à la politique culturelle? 

Les « droits culturels » doivent être inscrits au coeur de la conception d’une politique culturelle durable et solidaire, facteur de liberté, d’égalité et de fraternité, entre les personnes et les peuples. Ils se déclinent dans toutes les politiques publiques comme principe d’émancipation, d’épanouissement et d’autodétermination des personnes, d’accès aux savoirs et d’exercice de la démocratie. 

Ainsi chacune des politiques publiques doit pouvoir intégrer la dimension culturelle dans sa mise en oeuvre, entendue au sens anthropologique des échanges symboliques, d’interactions, de la circulation d’objets et de pratiques interculturelles, qui font le ciment de toute société, favorisent l’interconnaissance et la communauté humaine dans sa diversité et sa dynamique. 

Qu’il s’agisse de l’art dans l’espace public et l’aménagement du territoire, de l’éducation, de la santé et du « prendre soin », de l’habitat, de l’environnement, des sciences et techniques, de l’artisanat, de l’économie, du social, ou encore de la coopération internationale, les « droits culturels » doivent être visibles et défendus. 

Aujourd’hui, la non-reconnaissance de certaines expressions culturelles par les institutions publiques, la marchandisation des biens et des services culturels au détriment de l’équilibre entre service public et marché privé, l’ingérence des pouvoirs politiques dans la programmation artistique, le piège du système d’appels d’offres, ou le renoncement à leur responsabilité en matière culturelle, ainsi que le fondamentalisme religieux, menacent la vie culturelle et artistique, ainsi que son rôle essentiel dans la cohésion sociale et le « faire société ». 

Nous souhaitons au contraire accorder à la culture au sens large, un rôle primordial dans la construction durable du « bien-vivre ensemble ». Les lieux culturels doivent s’appréhender comme des espaces de liberté de création, de partage et de transmission, de débat et de reconnaissance des personnes et de leurs expressions, accessibles à tou.te.s. 

Nous sommes favorables : 

– A l’instauration d’une gouvernance partagée des politiques culturelles : l’inscription des « droits culturels » dans la loi confère aux pouvoirs publics l’obligation de développer des modes de concertation et de participation, en particulier pour les personnes les plus défavorisées en raison de leur situation sociale ou de leur appartenance à une minorité ; 

– A la promotion de la diversité culturelle et la participation de tou.te.s à la vie culturelle ; 

– A la consolidation et au développement de l’offre légale sur Internet, de supprimer les lois Davdsi et Hadopi, qui criminalisent les utilisateurs/trices, et co-élaborer de nouveaux dispositifs afin d’assurer le financement de la production artistique numérique ; 

– A libérer les données publiques open data en formats accessibles aux citoyen.ne.s afin de permettre la création de nouveaux services et le développement d’une économie culturelle de partage. 

– Au soutien des librairies, des disquaires, des labels et des cinémas indépendants. 

Quelle est votre position quant au régime de l’intermittence et à la protection sociale des artistes, toutes disciplines confondues? 

Il nous paraît indispensable de consolider l’accord de 2016 du régime de l’intermittence et de réexaminer ses sources de financement, et de promouvoir un statut « pluriactif culturel » conjuguant revenus de transfert et revenus d’activités pour une garantie effective de revenus.

Êtes-vous favorable à la création d’un statut de l’artiste en France ? 

Oui absolument. 

Il s’agit notamment de développer et de consolider les droits sociaux des artistes toutes pratiques confondues (plasticien.ne.s, intervenant.e.s culturel.le.s, etc.) et de leur assurer une couverture sociale réelle, et leur garantir un statut non précarisant et un parcours professionnel sécurisé. 

Face aux baisses des dotations de l’État vers les collectivités territoriales, comment pensez-vous soutenir la création, la diffusion et l’action culturelle ? 

Avant toute chose, nous défendons un audit de la dette, pour sortir de cette fatalité politique de la fameuse « contribution au remboursement de la dette publique ». Ce ne sont pas aux contribuables de rembourser cette dette très largement illégitime et spéculative. 

Au-delà, ce n’est pas aux territoires et échelons locaux de subir – et par là-même de reproduire – le chantage austéritaire des politiques libérales européennes. 

Rappelons également que 201 milliards d’euros pourraient être récupérés chaque année (source ATTAC), grâce à : 

– La lutte contre l’évasion fiscale (+80 milliards/an*) et suppression des niches fiscales les plus injustes (+15 milliards/an*) 

– La taxation de l’ensemble des transactions financières et des opérations boursières (+36 milliards/an*) 

– La suppression du Pacte de responsabilité et du CICE (+40 milliards/an*) 

– La progressivité de l’impôt (+20 milliards/an*) et réduction de la TVA sur les produits de 1ère nécessité 

– Une fiscalité environnementale et la suppression des subventions aux énergies fossiles (+10 milliards/an*) 

Nous proposons : 

– La coélaboration des plans locaux d’éducation artistique et culturelle, aux différentes échelles territoriales, avec la communauté éducative et les acteurs/trices culturel.le.s et sociaux/les. 

– Le redéploiement les financements publics pour atteindre les objectifs d’une politique culturelle ambitieuse : trouver de nouveaux équilibres entre les outils existants et de nouveaux dispositifs plus équitables, entre des acteurs/trices reconnu.e.s et d’autres émergent.e.s, entre institution, acteurs/trices associatifs/ives et le « tiers secteur » de l’ESS, entre zones urbaines et zones rurales. 

– Le soutien au développement de « tiers-lieux » pour favoriser les périodes de recherche et d’expérimentation des artistes et stimuler le dialogue avec la population. 

Vous engagez-vous à défendre l’augmentation du budget de la culture ? 

Oui. 

– Réaffirmer et de faire appliquer les objectifs du 1% culture de budget de l’Etat et du 1% artistique (toutes pratiques confondues) dans l’ensemble des constructions publiques. 

– Créer un fonds de développement du tiers-secteur culturel (ESS) et mettre à disposition des moyens mutualisés pour permettre aux artistes et aux artisan.e.s d’art d’accéder à des locaux ou terrains vacants et à des services partagés. 

Les budgets culturels souffrent des nouveaux dispositifs de sécurité ou de sûreté, que comptez-vous mettre en place pour permettre d’y faire face sans impacter le budget de la culture ? 

Nous sommes entré.e.s dans un régime d’exception permanent avec l’état d’urgence, qui heurte les principes de la démocratie et de la séparation des pouvoirs. Or, nous devons lutter contre les violences et le terrorisme non pas par tous les moyens, mais dans le cadre de l’Etat de droit. 

Celles et ceux qui instrumentalisent nos peurs mentent : la riposte démocratique est possible si nous avons le courage d’oeuvrer à développer et à renforcer la cohésion sociale. C’est une solution d’artisan.e.s, lente, mais c’est bien la seule. Nous ne pouvons opposer sécurité et prévention, c’est se condamner à l’échec. Comme nous ne pouvons accepter que « les impératifs de sécurité », toujours plus élevés et restrictifs, prévalent sur toute initiative citoyenne, culturelle, etc. Le respect de la liberté d’expression et de réunion doit être assuré. 

La question culturelle est ici cruciale. En effet, à l’heure des replis identitaires, de l’intolérance, de la peur de l’autre et des dispositifs sécuritaires, il faut au contraire faire en sorte que la culture puisse dans sa pluralité, être source de cohésion sociale, d’expression de la diversité et de la créativité, d’expérience de l’altérité, de partage des biens communs, d’émotions individuelles et collectives, de convivialité, de rassemblement, de désir et de plaisir. 

Le développement des dispositifs sécuritaires questionne aussi la responsabilité des pouvoirs politiques à toutes les échelles. Il en va aussi de la vitalité sociale et économique des territoires. Ces dispositifs posent une menace vis-à-vis de la liberté de circulation et de l’appropriation de l’espace public. De plus, leur financement est « pompé » directement sur les budgets culturels dédiés, ce qui n’est pas acceptable ni durable. 

Au-delà, la normalisation de ces dispositifs dans les diverses manifestations culturelles et dans l’espace public change notre regard et notre façon d’appréhender les espaces communs et les temps collectifs. C’est là que repose la principale menace. 

Sur cette problématique, nous sommes favorables à l’organisation d’un débat national, décliné aux échelles locales, avec les acteurs/trices directement en prise avec cette problématique sécuritaire, afin de préserver les budgets dédiés, de co-élaborer des solutions raisonnables et équilibrées entre les mesures de sécurité qui s’imposent sans excès liberticide et la liberté d’expression, de réunion et de circulation. 

 

 

Réponses de Jean-Luc Bleunven et Isabelle Montanari – Divers Gauche

 

Quelle nouvelle impulsion comptez-vous donner à la politique culturelle?

Je pense que la politique culturelle doit s’articuler sur la promotion des droits culturels : droit à la culture et droit à la reconnaissance de sa propre culture : à travers cela il s’agit de valoriser la diversité culturelle.

De plus, il importe de renforcer la démocratisation culturelle pour lutter contre les exclusions et l’isolement social. Aujourd’hui, l’accès à la culture est fortement lié à l’appartenance sociale. Une politique culturelle ambitieuse doit permettre l’accès à la culture pour les personnes qui en sont aujourd’hui exclues.

Quelle est votre position quant au régime de l’intermittence et à la protection sociale des artistes, toutes disciplines confondues ?

Je pense qu’il faut pérenniser le statut d’intermittent du spectacle, un élément important de notre politique culturelle.

Êtes-vous favorable à la création d’un statut de l’artiste en France ?

Aujourd’hui, les auteurs, compositeurs et les scénaristes sont exclus du régime de la protection sociale des artistes. La création d’un statut de l’artiste en France devrait permettre de mieux protéger ceux qui portent la richesse culturelle de notre pays.

Face aux baisses des dotations de l’État vers les collectivités territoriales, comment pensez-vous soutenir la création, la diffusion et l’action culturelle ?

Durant le mandat qui s’achève, je disposais de la réserve parlementaire. Ces fonds étaient destinés à financer des projets portés par le monde associatif et les collectivités locales. Nombre d’entre eux relèvent du domaine culturel. Par exemple, au cours du mandat écoulé, j’ai pu financer Le Maquis, un collectif mais aussi un lieu de création artistique engagé dans la vie citoyenne du quartier Saint-Pierre à Brest.

Dans la future mandature, si la loi de moralisation proposée par le nouveau gouvernement est votée, il n’y aura plus de réserve parlementaire. Il faudra alors trouver des moyens efficaces pour un soutien décentralisé à la culture : une alternative proposant un financement décidé depuis Paris ne sera sans doute pas toujours efficace pour financer des projets innovants sur Brest.

Vous engagez-vous à défendre l’augmentation du budget de la culture ?

Je pense que pour défendre une véritable politique culturelle, il faut s’en donner les moyens financiers. Il faudrait consacrer aux dépenses liées à la culture 1 % du PIB de l’État au lieu du 1 % du budget de l’État en vigueur aujourd’hui. Je pense que l’on doit associer étroitement les collectivités locales à cet effort. Elles sont les relais naturels d’une politique culturelle permettant de réduire les inégalités entre les territoires.

Les budgets culturels souffrent des nouveaux dispositifs de sécurité ou sûreté, que comptez-vous mettre en place pour permettre d’y faire face sans impacter le budget de la culture ?

Je pense qu’il faut adapter les dispositifs de sécurité à l’importance des événements ciblés. Les grands événements doivent être protégés comme il se doit. Pour les événements plus modestes, il faut une relation de confiance avec les collectivités territoriales et compter sur l’expérience des élus locaux.

 

 

Réponses de Marie Catherine Mouchot – LR

 

La culture est à la fois un ciment du vivre ensemble de notre population, un facteur d’attractivité de notre territoire et un marqueur de notre identité. Qu’il s’agisse de spectacle vivant ou de patrimoine, de traditions populaires ou de créations, toutes les expressions culturelles imprègnent notre vie quotidienne.

La culture est aussi un formidable moyen d’intégration sociale, de compréhension et d’acceptation de l’autre dans toute sa diversité, d’émotions et de plaisirs partagés, d’enrichissement intellectuel ; elle est une fenêtre sur le monde.

Pour toute ces raisons (et bien d’autres !) la culture doit être faire partie de l’enseignement, dès le plus jeune âge, et je souhaite qu’elle soit en bonne place dans les réformes que proposera notre ministre de l’Éducation. Je pense qu’il faut promouvoir le rôle des dumistes et conforter leur place aux côtés des équipes éducatrices.

Je serai proactive sur tous les dossiers visant à promouvoir la langue française. Je ne souhaite pas que l’on revienne sur la loi des quotas de diffusion de chansons françaises et j’approuve l’amendement qui vise à favoriser la diversité des titres proposés : c’est une nécessité pour permettre l’émergence de nouveaux talents.

À titre personnel, et pour rester sur le thème de la langue, je suis pour la ratification de la charte sur les langues régionales et pour la promotion de la langue bretonne.

De façon plus technique, je souhaite défendre la nécessité de vendre en France des matériels informatiques (ordinateurs, tablettes…) dotés de claviers permettant d’écrire correctement le français sans avoir recours à des astuces pour les caractères accentués et autre cédille.

Favoriser la culture c’est aussi avoir des outils permettant l’écriture correcte du français ; nous ne devons pas donner le sentiment que notre langue est inadaptée aux nouvelles technologies.

En ce qui concerne la protection sociale des artistes il me semblait que les accords de 2016 sur le régime spécifique de l’assurance chômage étaient à la satisfaction des professionnels du secteur ; si ce n’est pas le cas je serais intéressée à échanger avec vous sur ce sujet.

En ce qui concerne la sécurisation des lieux et équipements de spectacle, l’État a mis en place un Fonds d’urgence et de soutien au spectacle vivant.

Les municipalités ont commencé à prendre à leur compte les investissements nécessaires à la sécurisation des accès aux grands événements pour éviter l’intrusion malveillante de véhicules non autorisés.

Face aux 2000 milliards d’EUR de notre dette publique, soit près de 100% du PIB, et à l’absolue nécessité de renforcer notre dispositif de défense, je pense qu’il sera difficile d’augmenter le budget de la culture. Je souhaite qu’il soit maintenu à 1% du budget de l’État.

 

 

Réponses de Christine Panaget – BREST RURAL INSOUMIS

 

Cette rencontre s’est faite par l’intermédiaire de deux artistes des arts de la rue, membres de Dédales de Clown et Dérézo. Nous nous sommes entretenus pendant un bon moment hier sur différentes questions dont l’énoncé se trouve dans le courrier qu’ils m’avaient transmis. Après un bref mais nécessaire rappel partagé de l’impact de la culture, qui doit toucher le plus grand nombre, sortir des griffes de la financiarisation à outrance, nous avons abordé plusieurs points liés aux questions du courrier précité.

Un des premiers points a concerné le régime (et non statut) de l’intermittence. La France Insoumise souhaite conforter et étendre ce régime. Je cite notre livret thématique (ici : https://avenirencommun.fr/le-livret-culture) : l’extension commence par la reconnaissance de tous les professionnels de la culture (écrivains, ….) en marge du cadre institutionnel pour garantir à tous des conditions dignes d’existence sur la base de l’accord du 28 avril 2016. Je vais plus loin dans la discussion en abordant le réseau salariat et la mise en commun des salaires dans la poursuite de la logique de la création de la sécurité sociale (mise en commun des cotisations sociales pour créer la sécu, les caisses de retraite, la caisse famille…) qui permettrait à chaque personne dès 18 ans d’obtenir un statut lui garantissant un salaire et un travail selon ses compétences, celles-ci pouvant évoluer au fil du temps. C’est tout un projet. Il concerne tout le monde et c’est ici : http://www.reseau-salariat.info ; ou dans ce récent article de Bernard Friot sur les dangers des remaniements à venir (https://www.politis.fr/articles/2017/06/csg-macron-et-la-cfdt-continuent-la-contrerevolution-rocardienne-37107). Ce statut protecteur reconnait la créativité et tous les travaux, domestique, bénévole, notamment chez les retraités et institutionnalise le salaire à vie, salaire de 1 à 4 ou 3, donc une échelle très resserrée par rapport au 1 à 20 du programme l’Avenir en Commun. C’est aussi dans le prolongement du statut à vie des fonctionnaires. Je rappelle que pour le moment cette sécurité sociale est mise à mal. Les salariés ont perdu du poids dans sa gestion et la mise en oeuvre de la CSG dans ses recettes lui enlève encore plus d’autonomie avec le remplacement progressif de notre salaire mutualisé par un impôt. Autant d’acquis dont la logique historique et irremplaçable doit être rétablie, y compris la prédominance des représentants de salariés dans la gestion. Elle n’a de « paritaire » que le nom. Je n’ai pas parlé du 100 % Sécu du programme l’Avenir en commun qui permet déjà une couverture complète de tous à coût progressif en absorbant les mutuelles.

Parler de ces moyens étendus signifie parler de recettes. Celles-ci ont la vie dure puisque leur montant est en baisse constante et la culture est un des premiers postes affectés par l’austérité dans les collectivités territoriales. Nous avons cité Quimper et le centre d’art contemporain, et Le Guilvinec, on peut aussi penser aux baisses de dotations brestoises. Pour l’Etat, nous passerons de 7 Milliards (1 % du budget de l’Etat) à 20 Milliards (1% du PIB). Nous avons deux leviers : supprimer les niches fiscales liées à l’argent-roi (la cour des comptes relève le niveau de plus en plus élevé qui atteint 90 milliards cette année) dont le mécénat. Puisque les œuvres sont presque entièrement payées par les contribuables autant que cet argent revienne dans des politiques publiques. On fait aussi payer l’ISF sur les oeuvres. Tout cela nous permettra de reprendre la main avec les acteurs culturels sur la programmation des musées, équipements culturels…

On demande 10 % de budget participatif aux collectivités locales dans les crédits locaux consacrés à la culture. Cela oblige aussi à apporter davantage de concertation. Je rappelle pour l’occasion que nous avons l’intention de sortir du cadre des réserves parlementaires distribuées sous la houlette du député même s’il crée un collectif pour cela (nous supprimons cet emploi privé d’argent public).

Le deuxième levier c’est la proposition du passage des droits d’auteur dans le giron du domaine public. Cette idée émise par les auteurs de BD que JL Mélenchon a rencontrés à Angoulême est une vieille idée puisque c’est Victor Hugo qui le premier y a pensé : il serait plus juste que cet argent revienne directement à la culture qu’aux héritiers d’un artiste. Voilà, on est loin de 500 euros pour chaque jeune à 18 ans à dépenser dans le premier « centre culturel » venu.

On a aussi beaucoup parlé sécurité qui coûte très cher et pénalise fortement les Arts de la Rue. De plus cette sécurité est essentiellement privée. Je rappelle la nécessité de renforcer la police de proximité (nous recréons 10 000 postes dans ce secteur et nous équilibrerons par la fermeture de places en prison où végètent trop de jeunes pour lesquels nous avons un programme ambitieux) pour cela, pour certains quartiers qui le réclament. Nous ne voulons pas maintenir l’Etat d’urgence qui a peu d’efficacité sur les méthodes terroristes et met les équipes (police, militaires…) en tension permanente. Mais basculer des procédures établies par le préfet à celle d’un maire pose aussi problème car les maires ne peuvent assumer une responsabilisation à outrance, surtout dans les petites communes. Le problème reste entier si on ne se dégage pas de la responsabilité du maire pour laisser les gens venir en toute liberté de conscience. C’est d’ailleurs cela que le terrorisme veut atteindre en priorité sur nos territoires. A ce stade de la réflexion, je me demande comment on peut aller dans ce sens collectivement. La question reste ouverte.

On a abordé le 1% artistique que je pensais limité aux grands travaux de construction. Nous le faisons appliquer à tous les bâtiments publics construits, rénovés ou ayant changé d’affectation. Et nous l’étendons aux grandes constructions privées. Le 1% concernerait aussi les travaux publics comme les ronds-points avec la loi LCAP (création, architecture, patrimoine) du 8 juillet 2016. Cela peut faire beaucoup d’argent et je ne pense pas pouvoir m’engager sur ce point notamment sans connaitre l’aboutissement de l’article 3bis à ce sujet. Je m’engage en tous cas sur les 20 et quelques milliards que nous mettons en oeuvre et les 1% Travaux Publics peuvent aussi bien rentrer dans ce cadre déjà large, mais cela doit être comptabilisé.

On a moins parlé de l’exception culturelle. C’est aussi développé dans notre livret sur la culture.

C’était une rencontre intéressante et constructive pour ma vision du rôle d’un(e) député(e) dont une part du travail consiste en ces rencontres en ce qu’elles permettent de découvrir des failles dans le système et travailler à y remédier.

 

 

Réponses de Marie-Laure de Parcevaux, « Pour l’amour de la France »

 

Quelle nouvelle impulsion comptez-vous donner à la politique culturelle?

Il est regrettable aujourd’hui de restreindre la culture à la seule « politique culturelle ». La culture, celle que vous défendez j’imagine, va bien au-delà de la diffusion artistique. Dans une culture, il y a aussi une langue, un patrimoine architectural, historique …, une spiritualité, des manières de vivre ensemble, la gastronomie… Une nouvelle impulsion consisterait à rééquilibrer toutes ces facettes de la culture et à ne pas les confier à un unique Ministère de la Culture : le risque serait alors grand de voir proliférer une forme de « culture officielle » au détriment d’une vraie liberté artistique.

Quelle est votre position quant au régime de l’intermittence et à la protection sociale des artistes, toutes disciplines confondues ? Êtes-vous favorable à la création d’un statut de l’artiste en France ?

Si l’on veut que la création artistique continue de vivre dans notre pays, il nous faut d’abord protéger les artistes et leur donner un statut qui soit compatible avec les aléas de la création. Dans cette perspective, le principe du régime des intermittents ne me semble pas mauvais, en revanche, ce sont les abus qui sont à combattre. La bonne solution ne consiste pas à remettre en cause l’ensemble du système parce que certaines personnes en abusent ! Certes, de nombreux artistes ne peuvent pas vivre aujourd’hui de leur activité et ils doivent être accompagnés dans le hasard des prestations et dans le temps de la création nécessaire à l’inspiration. Je pense qu’il est temps de repenser le rôle de l’État dans la culture et la place du mécénat bien plus incitatif et ouvert.

Face aux baisses des dotations de l’État vers les collectivités territoriales, comment pensez-vous soutenir la création, la diffusion et l’action culturelle ? Vous engagez-vous à défendre l’augmentation du budget de la culture ? Les budgets culturels souffrent des nouveaux dispositifs de sécurité ou de sûreté, que comptez-vous mettre en place pour permettre d’y faire face sans impacter le budget de la culture ?

Il me semble que la mission de l’État devrait se recentrer sur la protection de notre patrimoine artistique et culturel national. La création artistique, si elle tient à garder son autonomie et sa liberté, a tout intérêt à ne pas dépendre uniquement du gouvernement et d’une « culture unique ».

Si le budget de soutien à la création du Ministère de la Culture (58 milliards d’euros financés par nos impôts) était transféré vers un certain nombre de mécènes privés, nous pourrions faire en sorte que de nouvelles créations et de nouveaux talents soient soutenus, sans que ce soit toujours les mêmes artistes qui soient invités, aux bons endroits, aux bons moments et nommés aux bons postes à responsabilités …

Enfin, ne faut-il pas garder à l’esprit que la culture doit être un vecteur d’unité, d’harmonie et de paix pour notre pays ? Je forme le voeu que tous les artistes travaillent à transmettre les valeurs du Beau, en cherchant à nourrir l’esprit et à élever l’âme de nos concitoyens.

 

 

Les réponses des candidat-e-s PCF – Front de gauche sont communes aux 2è, 3è, 4è, 5è, 6è circonscriptions:

La culture dans les programmes des candidat-e-s aux élections législatives / 3

 

 

About the Author

Notre agrégée de lettres passe en revue tous les articles, les relit, les corrige. Elle écrit pour différentes revues des articles de recherche en littérature et sciences humaines et s’appuie également sur ses multiples casquettes pour développer les partenariats du Poulailler, en russe, en français, en italien… Natalia pratique le théâtre amateur et bavarde à longueur de journée (en russe, en français, en italien…).