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Deux candidat-e-s de la 5è circonscription répondent aux questions du mouvement Pays de Brest pour la culture

Réponses de Rosalie Salaün, Candidate EELV – 5e circonscription du Finistère

Sur le régime de l’intermittence et sur le fait de donner une nouvelle impulsion aux politiques culturelles : le régime de l’intermittence est à mes yeux une préfiguration du revenu universel d’existence, en tant qu’il assure une continuité des revenus lors des périodes de chômage. Une généralisation de ce régime permettrait de mieux reconnaître les activités qui ne sont pas rémunérées et faciliterait les passages d’une activité professionnelle à une autre, auxquels sont souvent contraints les artistes, notamment du spectacle vivant. Il est pour moi essentiel, au 21e siècle, de repenser notre système de sécurité sociale dans cette perspective.

Ceci dit, cela ne résoudrait pas pour autant l’enjeu de la reconnaissance des artistes dont la création artistique est l’activité principale : de mon point de vue, cela pourrait être en partie résolu par le soutien à la poursuite du développement de la professionnalisation des métiers de l’administration et de la production dans le montage de projets, afin de consolider leur implantation dans les territoires et les enjeux locaux, et de permettre la liberté et le temps nécessaire à la création. En ce sens, je souligne que cette professionnalisation ne doit pas à mon sens être purement « technique », mais également inclure des réflexions politiques, notamment sur les droits culturels.

Sur la création d’un statut de l’artiste : je n’ai pas d’opposition de principe, mais je ne vois pas bien l’utilité concrète de cette proposition. D’une part, je crains que cela engendre de la confusion compliquée à gérer lors de la définition des critères pour y accéder, notamment par rapport à l’enjeu du « multi-métiers » évoqué ci-dessus, ainsi que sur la perméabilité amateur/professionnel, et d’autre part, si je suis prête à en reconnaître le besoin pour les professionnels, pour moi l’enjeu reste l’accès à des revenus décents et au bon fonctionnement du régime de sécurité sociale, déjà évoqué.

Sur les baisses des dotations de l’État vers les collectivités territoriales, je pense qu’il est tout à fait illusoire d’espérer qu’un-e député-e, ou même des élu-e-s locaux, aient le pouvoir de revenir sur ce processus qui relève de logiques européennes de très haut niveau. J’estime que la dépense publique des collectivités peut être rendue plus efficace de façon générale. Notre pays compte 36 000 communes, soit autant que tout le reste de l’Union Européenne réunie… De mon point de vue d’aspirante à des responsabilités politiques, je pense qu’il est plus pertinent de contourner le problème, réel, de la baisse des financements publics vers la culture, en raisonnant sur l’efficacité des financements publics, notamment dans les territoires ruraux. En tant qu’écologiste, je préfère dépenser moins d’argent public mais mieux, plutôt que plus (d’autant plus que souvent, comme pour les politiques écologiques, les politiques culturelles doivent quasiment être d’une solidité irréprochable pour pouvoir être défendues et portées par une assemblée politique locale).

Nous n’avons pas abordé ce sujet lors de notre rencontre, mais, concernant la sécurité des lieux et des manifestations culturelles (bien que je connaisse moins bien ce sujet), il me semble qu’il s’agit là d’un aspect aussi essentiel que la logistique ou la billetterie : c’est un poste de dépense à inscrire au budget, donc les moyens attribués doivent être à la hauteur, quitte à ouvrir plus de financement. A nouveau, je pense qu’une meilleure articulation entre les services de l’État et les services locaux et les besoins des organisateurs d’événements permettrait de gagner en efficacité dans la dépense d’argent public. C’est un sujet que j’aimerais beaucoup approfondir.

Par ailleurs, politiquement, je me suis opposée à la prolongation de l’état d’urgence dès janvier 2016 : ce dispositif ne sert que de prétexte à la surveillance de masse et n’a pas prouvé son efficacité. Si les populations doivent bien sûr être protégées, la protection des manifestations culturelles n’est qu’une partie de la lutte contre le terrorisme, qui doit être pensée de façon plus globale dans les politiques publiques, notamment dans la prévention et les projets qui oeuvrent à renforcer le lien social, dont de nombreux projets culturels !

Sur l’augmentation du budget de la culture : la sanctuarisation et l’augmentation des budgets restent des gestes forts. Il faut bien sûr être vigilant sur le montant comme sur le pourcentage par rapport aux autres secteurs du budget.

 

 

Les réponses des candidat-e-s PCF – Front de Gauche sont communes aux 2è, 3è, 4è, 5è, 6è circonscriptions:

La culture dans les programmes des candidat-e-s aux élections législatives / 3

 

 

About the Author

Notre agrégée de lettres passe en revue tous les articles, les relit, les corrige. Elle écrit pour différentes revues des articles de recherche en littérature et sciences humaines et s’appuie également sur ses multiples casquettes pour développer les partenariats du Poulailler, en russe, en français, en italien… Natalia pratique le théâtre amateur et bavarde à longueur de journée (en russe, en français, en italien…).

 

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