Le Perroquet, D’Espé, Éditions Glénat, 19,50€
Comment aborder, en bande dessinée, les souffrances engendrées par les troubles bipolaires et les tendances schizophréniques ? Espé répond à cette question avec Le Perroquet, une autofiction graphique où il nous plonge dans le quotidien d’un enfant de huit ans dont la mère est victime de ces troubles.
Bastien a huit ans. Il vit avec son père et sa mère dans une maison proche de celle de ses grands-parents. Sa maman, d’après les médecins, souffre de troubles bipolaires à tendance schizophrénique et enchaine les séjours à l’hôpital. Pour supporter cette situation, le petit garçon se réfugie dans un monde imaginaire. S’inspirant de ses souvenirs d’enfant et de son vécu, Espé (Châteaux Bordeaux, L’île des Justes) se penche avec ce récit plein de sensibilité sur un sujet douloureux rarement abordé dans le 9e art. Il nous dévoile en effet avec pudeur et lucidité ce que vivent les patients diagnostiqués bipolaires mais aussi les répercussions de cette maladie sur l’environnement familial. En filigrane, il pointe également du doigt les services de psychiatrie tels qu’ils étaient dans les années 80. Et ce, sans jamais sombrer dans le pathos. « Le but de mon livre est de sensibiliser les lecteurs à cette maladie « honteuse » et souvent cachée. C’est une véritable bombe nucléaire dans une famille. Une blessure ouverte qui ne se referme jamais. J’espère que cette mise en images permettra aux gens d’en parler », explique l’auteur qui porte en lui cette histoire depuis de nombreuses années. Cette histoire, découpée en courts chapitres et bénéficiant d’une colorisation en bichromie qui accentue les émotions, se caractérise par sa justesse et sa sincérité.