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En termes graphiques, il n’est guère de styles et de techniques que Pierre Péron n’ait exploré. De la figuration à la caricature, en passant par l’abstraction, le travail sur des polices de caractères et la bande dessinée, sa production est multiforme.

À partir du 2 juillet 2015, le musée des Beaux-Arts de Brest exposera son œuvre graphique. Depuis le 10 avril 2015, on peut découvrir, au sein des collections permanentes du musée de la Marine, le premier volet de cette double exposition, qui présente, en une quarantaine d’œuvres, le regard que Pierre Péron a porté sur Brest, sa ville d’origine, restée sa source d’inspiration tout au long de sa vie.

Pierre Péron et la modernité

Pierre Péron, qui vécut de 1905 à 1988, a parcouru le XXè siècle et n’est pas de ces artistes qui sont restés dans leur tour d’ivoire ou dans leur atelier, loin de tout et de tous. L’exposition du musée de la Marine montre le travail d’un homme curieux de nombreuses techniques, représentant son temps et ses nombreuses facettes.

Son temps, ce fut celui des contraintes, qui, dans les années 1930, l’ont conduit, lui qui avait commencé des études de publicité, à vivre de cours de dessins. Qui, de 1940 à 1942, ont fait de Pierre Péron prisonnier dans un stalag en Autriche, période qu’il a peinte. Qui ont ravagé la ville de Brest où Pierre Péron est revenu clandestinement, en 1944, pour dessiner la ville, pour témoigner – sans nostalgie toutefois, par amour pour Brest.

Mais son temps, ce fut aussi celui de l’émergence de la consommation de masse, soutenue par la mutation de la réclame en publicité, pour laquelle Pierre Péron travailla comme affichiste, et notamment en 1934, pour les magasins du Louvre. Consommation de masse, mais aussi marques de luxe, puisque Pierre Péron réalisa quarante modèles de carrés pour Hermès.

Son temps, ce fut celui où l’on travaillait volontiers l’abstraction, et Pierre Péron le fit, mais considérait qu’il fallait d’abord être un bon dessinateur.

 

Pierre Péron et Brest

L’exposition souligne aussi l’ancrage dans l’espace brestois, et c’est d’ailleurs sa raison d’être, mais cet enracinement ne se limite pas à la représentation picturale et on découvre que Pierre Péron s’est intéressé au parler brestois, qu’il a créé la figurine de Jean Quémeneur, le personnage de la chanson devenue hymne local.

Brest, c’est aussi la Marine, mais si Pierre Péron est peut-être d’abord connu en tant que peintre de la Marine, cet aspect de son activité vient compléter, on l’a compris, un travail éclectique, et non le limiter. Être peintre de la Marine, c’est pouvoir embarquer à bord des bâtiments et donc prendre le large avec eux. Pierre Péron a donc représenté l’arsenal, bien sûr, mais aussi Le Jean Bart à Manhattan, ou encore le sous-marin Le Redoutable, et même réalisé une étonnante tapisserie – collage représentant Jeanne d’Arc (le personnage), dans des couleurs très vives et des formes naïves.

Car c’est l’humour de l’artiste qui frappe particulièrement le spectateur, et qui indique un esprit libre, qui a su effectuer une traversée de son siècle aux innombrables escales.

Les visiteurs pourront profiter de l’exposition jusqu’au 2 novembre 2015, bénéficier de visites guidées thématiques, signer un livre d’or original, étudié pour correspondre à l’ « esprit Péron ». Qu’ils n’oublient pas de confronter les panoramas réels sur Brest aux reproductions de Pierre Péron présentées à l’extérieur des salles. Pour les enfants, une fresque en papier permet de « faire à la manière de Péron ».

Le musée de la Marine se trouve en bas de la rue du Château et toutes les informations pratiques sont lisibles ici.

 

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About the Author

Notre agrégée de lettres passe en revue tous les articles, les relit, les corrige. Elle écrit pour différentes revues des articles de recherche en littérature et sciences humaines et s’appuie également sur ses multiples casquettes pour développer les partenariats du Poulailler, en russe, en français, en italien… Natalia pratique le théâtre amateur et bavarde à longueur de journée (en russe, en français, en italien…).

 

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