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Nino ne voit pas souvent son papa. Nino ne passe pas beaucoup de temps avec sa maman. Nino ne joue pas avec les enfants de son âge.

Mais Nino ne s’ennuie pas. Son meilleur ami est un chien intrépide et aimant. Un chien qu’il n’a pas.

Traitant du thème de l’ami imaginaire qui peuple l’existence de bien des enfants, l’album du Hollandais Edward van de Vendel nous transporte dans la vie de Nino, un petit garçon que l’on découvre très seul. Il habite une grande maison au beau milieu d’une forêt de conifères géants. Des parents absents, une chambre-cabane à l’écart de l’habitation principale, des promenades solitaires en canoë, et pourtant … Nino a beau ne pas posséder d’animal de compagnie, il est convaincu d’être accompagné par un chien omniscient, qui le suit comme une ombre dans toutes ses pérégrinations.

Ce chien, à peine esquissé par l’illustrateur Anton Van Hertbruggen, se fond à merveille dans les images sur-dimensionnées de l’album, vastes explosions picturales aux couleurs chatoyantes qui plongent le lecteur dans l’univers fantasmagorique du petit garçon. Le quadrupède imaginaire sèche les larmes du garçon, explore la nature à ses côtés et le rapproche même de son intimidante grand-mère. Mais un jour, ce chien rêvé disparaît, à l’instant précis où Nino trouve sur le pas de sa porte une surprise de taille, cachée dans un carton : un véritable chiot.

Confronté à la réalité physique de ce nouveau compagnon, il voit s’écrouler une partie de son monde imaginaire. Ce chien pourtant doux, gentil et obéissant ne semble jamais à la hauteur des attentes du garçon. Il diffère en tout point de son chien imaginaire. Ce qui devait être un cadeau salvateur oblige l’enfant à se confronter contre son gré au réel, à délaisser son univers onirique, à grandir. La réaction finale de Nino n’en sera que plus éclatante.

Ode poétique à l’imaginaire enfantin, Le chien que Nino n’avait pas est un album précieux et singulier, au ton doux amer, qui piquera la curiosité des plus jeunes, et fera replonger en enfance les plus grands. Saluons au passage l’excellent travail de la traductrice Marie Hooghe, qui est parvenue à restituer en peu de mots toute la beauté et la mélancolie du texte original.

À mettre entre toutes les mains à partir de 6 ans.

Le chien que Nino n’avait pas

Edward van de Vendel / Anton Van Hertbruggen

Traduit du néerlandais par Marie Hooghe

Didier Jeunesse, 30 pages, sept. 2014

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