Ce mardi, au Mac Orlan, Penn Ar Jazz accueille : Mike Reed - People Places & Things - « Flesh & Bones », concert qui compte seulement trois dates en France (dont Brest !). Spectacle multimédia convoquant musique, enregistrements sonores, poésie et vidéo. Première partie : The Bridge#14.
En écoutant Conversation Music
Figure remarquable de la scène musicale chicagoane, Mike Reed fréquente Penn Ar Jazz depuis les premiers échanges Brest-Chicago. Vous l’avez d’ailleurs peut-être déjà entendu aux côtés de Wadada Leo Smith, Gaspard Claus ou Nicole Mitchell, ici même à Brest ! Insatiable agitateur culturel, celui qui additionne à plaisir les casquettes de gérant, programmateur et conseiller, n’en oublie pas pour autant de rester créatif et de sans cesse questionner son rapport au monde. Une attitude qui semble commune aux musiciens du label 482 Music, sur lequel parait un bon nombre des disques de Mike Reed, notamment ceux de son ensemble People Places & Things. De fait, dans cette maison de la Nouvelle Orléans (482 Music) comme dans d’autres (Cuneiform Records, Clean Feed, etc.), nombreuses sont les formations à géométrie variable, échangeant facilement les rôles de leader et sidemen les uns AVEC les autres.
La terre est vêtue de femmes et d’hommes, de villes, de campagnes et d’espaces.
Tout comme la terre est habitée d’histoires passées et présentes.
People Places & Things est un projet développé par Mike Reed depuis 2008, en quartet avec Greg Ward (sax), Jason Roebke (basse) et Tim Haldeman (sax). Accueillant de nombreux invités à chaque nouvel enregistrement, ce groupe est « une certaine façon de nouer des liens », dit le batteur. Un ancrage dans les histoires et les lieux de vie. Une pensée et un faire articulés par la transmission à travers le swing (« un accent qu’on pose sur l’espace »), la danse et le blues. Dans la revue L’Art du Jazz, Mike Reed explique qu’il « préfère être un membre du groupe plutôt que son centre, son point focal ». People, Places & Things est donc basé sur l’acte de composition, l’arrangement collectif : « si quelque chose survient dans votre partie il faut savoir jouer ce qui s’y rapporte ». Les notions de place et d’identité sont toutes relatives. Le saxophone devient batterie qui devient saxophone à son tour. Instant Composition.
Depuis 2015, People Places & Thing a évolué jusqu’à l’actuelle forme Flesh & Bone, avec Ben Lamar Gay (cornet), Jason Stein (clarinette basse) et Marvin Tate (poésie). Le projet « Flesh & Bone » est une création imaginée autour d’événements survenus au quartet en 2009, en République Tchèque. Coincés en gare de Prerov, les musiciens assistent à une émeute raciale. Ils sont poursuivis par un groupe violent jusque dans le train qui les mène finalement à Varsovie. Les musiciens découvrent que le premier conducteur les a volontairement égarés à Prerov…
Retour au présent. Vu de loin (…en attendant ce concert du 30 janvier) Flesh & Bone questionne notre positionnement. Dans quelles conditions, avec quelles personnes et dans quel endroit sommes-nous ? Des mondes cohabitent, nous évoluons ensemble. À partir de là, sachant qu’il n’y a nulle part où fuir, que faisons-nous ?
Mêlée de poésie, d’enregistrements sonores et de vidéos, la performance semble appeler à l’expérience sensible pour conjurer quelque chose.
À savoir : le concert du mardi 30 janvier ne jouera que trois date en France : à Tours, en région parisienne et … à BREST ! Alors voilà enfin de quoi nous réjouir d’une bonne nouvelle dans ce bout du monde où il existe un paquet de gens motivé pour inviter des personnages comme Mike Reed et son People Places & Things.
Le bandcamp de Flesh & Bone
Le site de Mike Reed
Le site de Penn Ar Jazz