Performance poétique de Patrick Dubost à la Petite Librairie, place du marché Saint Martin, Brest, mardi 24 février, à l’heure où les enfants font encore leurs devoirs.
La poésie est un art populaire, et clandestin.
Aujourd’hui, à la Petite Librairie, un performer, poète aux multiples casquettes lyonnaises, nous adresse la parole, indiquant par de multiples gestes, faisant songer à qui guide les avions sur le tarmac, des directions, des voix.
Sept personnes dans l’antre de Zoe et Galaad, mais tant de fantômes chauds sur les étals.
Les livres sont ouverts, les mains servent de lutrin.
Patrick Dubost, mathématicien, musicologue, animateur de la Scène Poétique à l’ENS de Lyon, lit debout quelques fragments de son œuvre poétique. Des textes à vocaliser, à théâtraliser, à performer. Des lignes de sens, portées, jetées dans toutes les dimensions de la rose des sables.
Apparaissant souvent sous le pseudonyme d’Armand le Poète (« N’écrivez pas des poèmes, non laissez faire les imbéciles »), facteur cheval de la poésie à l’orthographe aussi fantaisiste qu’éloquente, offrant à qui-veux-tu ses textes facétieux écrits à la main, Patrick Dubost est un globe-trotteur du verbe, lancé dans un tour de France des librairies, lieux d’action culturelle, écoles, qu’on imagine sans fin. Vézelay, Saint-Etienne, Calais, Apt, Villeurbanne, Foix…
Consulter son site donne vite le vertige, tant les collaborations du poète avec metteurs en scène, musiciens, compositeurs, plasticiens, traducteurs, vidéastes, chorégraphes, semblent multiples, le foisonnement valant ici art poétique. Externet, dit Alain Jouffroy, ou la poésie à la rencontre de la réalité si dure et si belle à étreindre.
Une marionnette sort d’un verre, elle parle : « Je n’existe pas mais je vous aime. »
Mélange de Philippe Garrel, Paolo Conte et Groucho Marx, Patrick Dubost est un clown de mélancolie douce occupant avec générosité l’espace public à tombeaux perdus.
Un poète lyrique au sens de Jean-Michel Maulpoix, « ferveur de parole relançant sans cesse la parole », célébration du verbe en ses échos.
Le trobar moderne porte son gai savoir d’exil et de réconciliation dans le tremblement des identités et la logique des parenthèses.
Le troubadour trouve, il est un trouveur. Pour lui, la langue est un fouet de l’air.
Tout interstice est bon à prendre, clame le poème de neige.
Patrick Dubost, artisan, prouve que la poésie est une des formes précieuses d’être au monde, migrant immobile dans l’emportement du chant.
La sagesse de ne pas être sage.
Un papier d’indiscipline tombe de ma poche : « La vie est une équation avec tellement d’inconnues qu’il faudrait plusieurs vies pour les aimées (sic) toutes. »
C’est l’histoire d’une marionnette en mousse qui va à la piscine.
Voilà, à vous de continuer, le poète n’est qu’un passeur.
Et vive le PCR !
Parti communiste révolutionnaire ?
Non, Petit Chaperon Rouge.