Le festival du court métrage de Brest est fini, et pourtant, tout se passe comme s’il continuait encore. Dans le cadre de son jumeau, le festival de Clermont-Ferrand, un programme spécial représente Brest et l’axe de la cuvée 2015 – année des trente ans du festival : l’éternelle jeunesse.
Ce programme ne traverse pas seulement la France, il traverse également l’Europe, marque de fabrique du festival de Brest, et il est notable que quatre courts métrages sur les sept présentés proviennent d’Europe centrale et orientale : de Pologne (Dom smierci), de République tchèque (M. O.), de Roumanie (Fotografia), de Hongrie (Ùjratervezes). Sans entrer dans des considérations politiques, je suis frappée par la présence de ces pays dans des réflexions sur la vieillesse, la fin de vie et les manières d’aborder un aboutissement et ses suites. Les images montrent des personnes âgées mais «forever young», et des paysages ruraux et urbains qui à nos yeux d’occidentaux semblent eux aussi vieux, mais dont on comprend qu’ils sont eux aussi «forever young».
La mélancolie n’est pas absente de ces travaux, notamment dans le très sensible I’ve been a sweeper, et les images de ces corps fragiles, de ces énergies finissantes, des limites auxquelles la vieillesse nous confronte, créent une émotion qui nous fait regarder les vieux autrement. Mais le spleen n’est pas l’unique registre de ces films, et l’humour intervient dans Ett enklare liv, dans l’étonnante histoire du grand-père articulé de M. O., dans les dix petits nègres inversés de Dom smerci, ou encore dans l’agaçant personnage de la femme de Ùjratervezes. Et au-delà de l’humour encore, le spectateur est touché par la vie dont regorgent ces personnages apparemment affaiblis, finis, mourant – le plus symbolique étant sans doute Marthe, dans le film du même nom.
Des festivals, de la vie – quand il n’y en a plus, il y en a encore.