Revue Macabre, Aurélien Richard. 25 et 26 février 2015. Mac Orlan
La première chose que l’on découvre de la scène, ce sont de longs pans de toile sombre qui surplombent le plateau. Déjà dans la solennité austère de ces voiles pendus, on devine le linceul prêt à nous endeuiller. Le ton est donné, nous sommes prêts à voir défiler la revue macabre d’Aurélien Richard.
Car il s’agit bien là d’une revue, créée et présentée dans sa succession de tableaux, certains mimant la forme des cabarets d’antan, d’autres moquant les numéros de leurs descendants contemporains. La forme respecte les codes de ces spectacles, avec sa diversité de contenu, ses rythmes variés et son lot de surprises : du récital musical en passant par les soli, intermèdes et tableaux collégiaux. A ceci près que les couleurs et les paillettes ont déserté les décors et les costumes, et qu’elles sont bel et bien enterrées six pieds sous terre.
Le thème de la soirée est vouée à la Mort, et la Camarde s’impose en meneuse de revue. Le piano entame ses danses macabres ; il invite les danseurs à incarner les fantômes, succubes et autres représentations populaires funestes que l’on voudrait apprivoiser. Les corps, vêtus de noir, et les visages maquillés de blanc, nous rappellent toute l’iconographie morbide des siècles derniers, qu’elle soit païenne ou sacrée. Les jeux de lumières, les costumes, les pantomimes et les grimaces, les grands élans des danseurs ou les envolées du pianiste, s’ils parviennent à nous faire sourire en frôlant le lugubre guilleret des traditions occidentales, nous rappellent aussi l’instant d’après, que la mort laisse avant tout un goût âcre qu’aucun comique ne saurait totalement balayer.
Des cordes frappées à même les viscères rougeoyants du piano éventré, aux squelettes dessinés à même la peau des interprètes, et qui apparaissent dans la pénombre d’une lumière noire, le public est tiraillé entre sourire et malaise, ne sachant sur quel pied danser, alors que le spectacle propose une ambiguïté perpétuelle dans l’enchaînement des tableaux.