Homem Torto. 24 et 25 février 2015. Le Quartz (méridienne)
Seul, dos au rideau et face au long couloir imposant de son public, Eduardo Fukushima attend le moment propice pour délivrer son message ou son corps. Une succession de noirs alterne avec le crépitement des néons et la moiteur d’une aura lumineuse, rehaussée de phénomènes sonores brutaux et inattendus.
Son corps, réapparaît, et dévoile le torse et les pieds que le danseur s’apprête à tordre. Homem Torto, l’homme tordu, se crispe et se déchire dans un simulacre d’immobilité où on devine les tensions intérieures.
L’instant se prolonge avant que d’autres mouvements, plus perceptibles, s’embraient. La pièce nous apprend tout d’abord la patience et nous amène à accepter un autre temps. Un temps non linéaire, haché et arythmique. Les gestes se présentent au public, dans le désordre et dans des boucles asynchrones. Tantôt avec la vigueur mécanique d’une énergie qui exige de se libérer, tantôt avec la fluidité d’un organisme oscillant entre divers âges de la vie.
Le jeune chorégraphe et interprète nous invite à suivre son avancée asymétrique dans un espace bi-frontal au sein duquel il avance, recule, bat en retraite et marche selon un cheminement qu’il nous aide à décoder et à appréhender.
Orteils recroquevillés, élans suaves ou démarches cacochymes : ce sont tous les corps de l’humain qui arpentent cette voie non tracée, reflets d’envies et de volontés qui varient au cours même de la vie.
Le voyage se poursuit avec ses répétitions et ses souvenirs et, lorsqu’enfin, le danseur atteint le terme de son périple, le fil de son destin distendu se rembobine dans un ultime soubresaut complice. Le temps reprend ses droits après tous les efforts que l’artiste a fourni pour le tordre.
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