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Sur la grande scène de la Carène, The Dandy Warhols ont affirmé vingt ans de carrière. Deux heures de longues boucles mélodiques, de fulgurances rythmiques, d’intensité visuelle et sonique orchestrées avec expérience.

L’annonce d’un concert de The Dandy Warhols à la Carène m’avait fait l’effet d’une coupe de champagne. Pop pop pop : groupe culte! Le fameux quatuor psychédélique de Portland (Oregon) à qui David Bowie avait offert l’ouverture de sa dernière tournée (The Reality Tour), éveillait néanmoins quelques questions sur leur heureux retour et imprévisible trajectoire.

Comment, en assurant toujours de nombreux (et bons) concerts, passe-t-on d’un Zénith avec le Thin White Duke fin 2003, à la Fête du Bruit à Landerneau dix ans plus tard avec le même brio? Comment ces mêmes Dandy Warhols reviennent-ils à nouveau sur de belles scènes françaises (Le Trianon à Paris, la Laiterie à Strasbourg) et européennes (Berlin, Londres, Prague…) quasi incognito en affichant souvent complet. Et sans avoir sorti leur huitième album en cours d’édition… Parcours en montagnes russes avec l’intensité que cela suppose!

En cette soirée de semaine, fin mars, un public de connaisseurs - 800 personnes quand même - est aussi au rendez-vous du concert brestois. Dès l’intro de Be in, les boucles Warholiennes médusent la salle et la mettent dans une saine tension. Le quatuor est en ligne en avant de la scène entre pénombre et lumières stromboscopiques. Zia McCabe au tambourin agité, aux claviers, à la basse et au melodica ; Brent Deboer à la batterie minimaliste efficace ; Courtney Taylor-Taylor en leader (chant et guitare) devenu « tranquille » se nappe dans ses tresses d’indien et le discret Peter Holström, virtuose de la six cordes a la casquette vissée sur la tête. On a du mal à les imaginer en gosses turbulents et provocateurs, adeptes de sexe, de drogue aux effets inhérents mégalomaniaques tels que décrits dans la presse spécialisée de la belle époque (90’s) qui les a adoubés.

Héritage du Velvet à Nirvana

Mais on savoure leur substance. Deux heures de longues boucles mélodiques, de fulgurances rythmiques, d’intensité visuelle et sonique orchestrée avec expérience. The Dandy Warhols affirment leurs vingt ans de répertoire, en piochant dans ce qu’il a de plus solide. Et c’est un bonheur de revisiter avec eux les «tubes» grunge, rock garage et pop psychédélique de Come Down (1997), Thirteen Tales of Urban Bohemian (2000) et Welcome to the Monkey House (2003). Les deux-tiers du set. L’ambiance s’alourdit en revanche dès lors qu’ils repassent par leurs trois derniers albums. Le dernier single «Chauncey P. vs All The Girls In London» ne semble pas avoir la même capacité que «Bohemian Like you», «Godless», et «Get off.» A espérer que le huitième album sera plutôt dans la veine 90’s, avec l’énergie décapante et les nappes bien planantes héritées à la fois du Velvet Underground, de The Cure et de Nirvana. Ce jus-là demeure excellent, c’est sans aucun doute celui qui donne aux Dandy Warhols ce souffle sur scène.

Le documentaire Dig réalisé par Ondi Timoner, primé au festival Sundance de 2005, décrit précisément cette manne créative et puissante qui peine aussi à tenir la distance. Il relate une ascension en clair obscur de quatre jeunes frappés de plein fouet par la gloire, soumis aux pressions du milieu et aux aléas de carrière. Le film déroule aussi la compétition qui s’insinue avec les amis de The Brian Jonestown Massacre, l’autre groupe illustre, mené par l’écorché Anton Newcombe, à la destinée chaotique malgré le talent. Yannick Martin les avait programmés à la Carène huit mois avant les Dandy Warhols, comme par défi. Les come backs sont-ils possibles ?

Toujours est-il que le vieux continent vient de prouver sa fidélité au quatuor de Portland qui semble se regonfler du succès de cette tournée de printemps 2015. Fin juin, ils remontent sur scène à San Francisco avec Dinosaur Junior. Pop Pop Pop !

About the Author

Journaliste freelance, Marguerite écrit dans le Poulailler par envie de prolonger les émotions d’un spectacle, d’un concert, d’une expo ou de ses rencontres avec les artistes. Elle aime observer les aventures de la création et recueillir les confidences de ceux qui les portent avec engagement. Le spectacle vivant est un des derniers endroits où l’on partage une expérience collective.

 

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