Maurepas ne dort pas

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La poésie d’Yvon Le Men donne de plus en plus l’impression d’un chant continu, d’un flux ininterrompu de vers et de paroles qui serait à la fois tamis et élargissement de l’espace.

Attentif au plus proche comme au plus vulnérable, l’auteur du Jardin des Tempêtes (Flammarion, 2000) construit livre après livre une œuvre délicate et directe, disant le nu de la vie à partir d’un matériau autobiographique constamment retravaillé, et donnant par l’écho de ses textes une forme à la mémoire.

La fuite du temps est moins déplorée que constatée, non comme une défaillance de l’être, mais comme l’un de ses aspects, accepté, recueilli, nous invitant à étreindre notre prochain comme le premier des invités.

Dans Une île en terre (Editions Bruno Doucey), on lira comme un blason ceci : « Quand les hommes / enfin / sauront que le monde est menacé / peut-être / fouilleront-ils dans le noir / à la recherche de poèmes / qu’ils n’auraient jamais dû abandonner »

Les éditions Dialogues (Brest) publient aujourd’hui Les rumeurs de Babel, longue phrase de 180 pages composée comme une célébration laïque, profondément fraternelle, des habitants d’un territoire de relégation sociale.

Fruit d’une résidence de trois mois dans un HLM de la cité de Maurepas, à Rennes, ce livre touche par sa simplicité et sa dimension intrinsèquement évangélique.

Rencontre à Brest avec Yvon Le Men, homme du ban breton et des marges du monde, dans la librairie hospitalière de Charles Kermarec.

En lisant avec attention vos derniers livres, il m’a semblé que vous y exprimiez, à deux reprises au moins – au moment de l’enterrement de votre mère, et lors du Pardon de Saint-Yves près de Tréguier -  un lien à la religion très apaisé, ce qui est étonnant pour vous qui êtes un ancien maoïste, comme si l’église était la métaphore du poème tel que vous l’entendez : espace de recueil, de silence, de fraternité des simples et concentration de temps. Qu’en pensez-vous ?

Je n’y avais pas songé, mais vous avez raison, mon rapport à la religion est tout à fait apaisé désormais. Nous sommes des êtres religieux, que nous le voulions ou non.

En lisant ce vers, « Je traquai les visages pour chercher le mensonge. Je ne le trouvais pas », j’ai pensé à Pasolini, duquel vous me paraissez proche, certes sans la rage qui animait l’auteur d’Une vie violente.

Oui, cela dépend des jours évidemment, mais je n’ai plus cette fureur permanente que je pouvais avoir à mes débuts. Il y a un poème de lui que je trouve magnifique, où il évoque l’amour pour sa mère. Il dit : « Je t’ai tellement aimée que tu as pris tout mon amour. Il ne me reste plus que l’amour des corps sans âme. » C’est bouleversant. En voyant son cadavre sur la plage d’Ostie en 1975, cette femme est devenue folle.

Votre mère est aussi très présente dans votre livre.

Oui, c’est juste. Je pense maintenant à la mère de Pasolini, qui a joué le rôle de Marie dans La Passion selon Saint-Matthieu, où, pour la première fois, la mère du Christ était représentée avec l’âge d’une mère, et non le visage et le corps d’une jeune fille donnant l’impression d’arriver sur terre parmi les hommes.

Il y a dans votre poésie un souci constant d’honnêteté fondamentale vis-à-vis de ce que vous ressentez, ou avez ressenti.

Cela me paraît la base de la base de toute écriture. Un poète peut mentir dans la vie, mais, pour moi, il n’y aurait absolument aucun intérêt à ce qu’un poème mente. Si je commençais à faire le malin, j’aurais l’impression de me trahir. Le poème est une façon de me tenir debout dans, pardonnez-moi la simplicité du terme, la sincérité. Je considère le poème comme une ligne directe entre moi et l’autre.

Vous citez en exergue des Rumeurs de Babel ce vers magnifique d’Agrippa  d’Aubigné tiré des Tragiques : « Car mes yeux sont témoins du sujet de mes vers. » Vous considérez-vous comme un témoin ? Avez-vous vécu ainsi votre présence dans la cité HLM de Maurepas à Rennes ?

Agrippa n’était pas un enfant de chœur. Il a tué, participé à l’époque terrible des Guerres de religion en tant que protestant. Cette phrase m’a été suggérée par Jean Rouaud avec qui j’ai eu une longue discussion sur mon travail à Maurepas.

Y a-t-il une volonté de témoigner au nom des relégués sociaux ?

Très honnêtement, je viens moi aussi du Bronx, si l’on considère que Les Rumeurs de la ville évoque le Bronx de Rennes et Une île en terre le Bronx de la campagne où j’habitais enfant. Je viens de ce monde-là. Quand j’étais petit, j’habitais un petit hameau de quatre maisons. Tout était loin, on faisait tout à pied. Seul mon père, qui était cantonnier, avait une mobylette. J’ai eu un vélo en sixième pour aller au lycée de Tréguier à quatre kilomètres de chez moi. J’y étais interne, ne rentrant que le samedi soir. Quand j’arrivais à l’école primaire de La Roche, j’entendais ces mots de la part des copains : « Tiens, voilà le Bronx ! » Pour moi, les riches étaient toute personne qui possédait un fauteuil. Nous avons fini par en acheter un après avoir cumulé des bons Unico. Quand j’allais voir mon parrain qui était infirmier libéral au Havre, et qui possédait quatre fauteuils, je lui disais : « Je vais m’installer confortablement dans tes fauteuils, puis je vais y mettre le feu. » Je n’ai eu aucun mal à rencontrer les gens de Maurepas. Je ne me suis pas penché sur eux, j’étais avec eux, en face d’eux.

Avez-vous eu l’occasion de lire directement votre poème aux personnes que vous décrivez dans le livre ?

Oui, tout à fait. J’ai lu à tous les gens qui sont dans le livre le poème avant publication, ce qui est une question de correction, d’autant plus que je relate des faits assez graves pour certains. Les Rumeurs de Babel a été offert à chaque personne mentionnée dans le livre, y compris l’architecte que je ne ménage pas, qui voulait l’acheter mais, non, c’était une question de principe.

Combien de temps votre résidence a-t-elle duré ?

Elle a duré de février à avril 2015. J’ai monté en mai un spectacle devant 250 personnes, dont nombre d’entre elles de Maurepas, ce qui n’est pas une mince réussite. Madame la maire est même venue, déclarant : « On vous a entendu. » J’y suis retourné au moins dix fois depuis, ayant une sorte d’affection pour ce quartier. Nous avons organisé une petite fête il y a trois semaines, pour offrir le livre à ses protagonistes, de Pascal qui a fait vingt-deux ans de prison aux vieilles dames de la maison de retraite. C’est la première fois depuis quarante ans que quelqu’un choisissait de résider volontairement à Maurepas. J’ai dédié mon livre à Chantal, qui y travaille depuis quarante ans, qui en est une sorte de génie tutélaire. Je l’appelle « la maire aubergiste de Maurepas ». Elle connaît absolument tout le monde, des dealers aux nouveau-nés.

Avez-vous écrit vos poèmes au fur et à mesure de votre résidence ?

Oui, pour la raison très simple que j’ai eu beaucoup de mal à dormir dès le début, ayant douze gosses au-dessus de la tête, et une femme qui pesait au moins cent kilos. Une femme qui s’habillait en noir et portait des talons aiguilles noirs. J’étais épuisé. Ma seule solution était de me mettre à écrire sur la première personne que j’avais rencontrée en arrivant l’après-midi, celle que j’appelle Moitié-Moitié parce que sa chevelure n’est teintée qu’à moitié, et qui m’avait raconté immédiatement sa vie en une seule phrase, qui a duré vingt minutes : « Des sacs, des sacs, des sacs, trop de marches, trop de marches, trop de marches. » J’ai pu m’intégrer très vite.

Votre texte commence par le portrait d’un épagneul. On retrouve d’ailleurs très souvent le motif du chien seul, errant, vaguement inquiétant ou drolatique, chez les photographes contemporains.

C’est en allant faire mes courses au Super U de la cité que j’ai remarqué une annonce proposant d’adopter un petit épagneul. Je me suis dit que cela ferait un bon début de livre, me considérant alors un peu moi-même comme un être abandonné.

Vous aimez vous glisser dans les phrases et le rythme des autres. Vous insérez de façon très naturelle des propos énoncés au style direct dans votre poésie, sans annonce ou ponctuation particulière.

Oui, je trouve cela très intéressant. J’aime observer comment les gens construisent leurs phrases, même si elles ont l’air mal foutues. Il y a toujours un rythme singulier, révélateur d’une vie particulière.  J’ai écrit mes poèmes sur le tas, terminant le dernier poème le dernier jour, avant de reprendre le tout, tel un polisseur ou un menuisier, pendant trois mois, ce qui est rapide pour un long poème de deux cents pages.

Depuis vos derniers livres, on peut avoir l’impression que votre souffle poétique se développe encore, et que vous maîtrisez de mieux en mieux votre outil.

L’idée de la longue phrase est venue de En fin de droits, le long poème sur Pôle Emploi [chroniqué dans la revue Le Poulailler], qui ne m’écoutait pas. Devant ce refus de me parler, je n’ai eu d’autre solution que d’inventer cette phrase ininterrompue, comme s’il s’agissait d’un cri de soixante pages. Quand j’étais jeune, mes poèmes étaient très longs.

Comme un chant continu.

Oui, le poète Eugène Guillevic me disait cela aussi. En 1975, au Palais des Arts et de la Culture de Brest, ancêtre du Quartz actuel, et dans la revue Bretagne dirigée par Paol Keineg, Guillevic avait affirmé : « Il est bavard, mais c’est un poète, il a un don. » Je lui avais répondu avec tout l’orgueil de mon jeune âge que lui était « trop court, trop bref », ce qui n’était évidemment pas juste. Mais j’avais vingt ans et avais besoin de m’exprimer à tout prix. A partir de Pôle Emploi, j’ai l’impression d’avoir pu transformer le poison en élixir, ce qui me paraît incroyable. J’ai l’impression d’avoir ouvert mon atelier un peu plus grand encore. Les Rumeurs de Babel est un roman ouvert. Après quarante-cinq ans d’activités poétiques multiples, j’ai le sentiment de tenir enfin mon instrument.

Vous parvenez désormais à une grande fluidité d’écriture.

Dans la revue littéraire Zone Sensible, où je viens de publier quelques poèmes, Patrick Quiller, éditeur de Fernando Pessoa en Pléiade, parle de mes poèmes en termes d’élégies fluides. J’aime l’idée du chant et de la mélodie. J’adore Le survivant de Varsovie, de Schoenberg, qui est en trois langues, allemand, yiddish, et anglais. J’ai aussi beaucoup écouté Bartók. Le monde est tellement violent, nos cœurs sont tellement blessés, que nous avons absolument besoin de mélodies, comme pour remettre de l’ordre dans notre vie, même dans l’insensé. Le chant est parfois le seul moyen de ne pas tomber par terre.

En quelque sorte, dans les moments de déréliction, c’est le chant qui vous tire et continue à vous sauver.

Oui, je suis d’accord. J’ai écrit il y a vingt ans : « Le poème ne répond pas aux questions, mais ne nous laisse pas tomber seuls dans nos questions. » Qu’il s’agisse d’ailleurs de mon poème ou de celui d’un autre.

Ce qui fait aussi penser à la Pentecôte et à la confusion des langues.

On manque terriblement de Pentecôte de nos jours, non ?

Vous écrivez dans Une île en terre : « Va chez ton ami comme à l’étranger et à l’étranger comme chez ton ami. » Comme le répétait Alain Jouffroy, « c’est partout ici », n’est-ce pas ?

L’étranger peut être la dévastation ou la merveille, celui qui va nous sortir de nous-même. Ma mère me conseillait de faire venir à Noël à la maison un copain qui était seul, parce que, lorsqu’il y a un invité, « on ne se tape pas dessus » pendant le repas. L’étranger permet de briser les logiques étroites de clans.

Vos poésies sont-elles conçues comme des espaces d’hospitalité ?

Oui, tout à fait. Le mot hôte est l’un des plus beaux de la langue française. Il est en même temps celui qui vient et celui qu’on accueille, donc celui du dehors et du dedans.

Les Rumeurs de Babel semble avoir été écrit en contrepoint de A louer chambre vide pour personne seule (Rougerie éditeur, 2011), livre conçu à l’issue d’une résidence à la Cité radieuse construite par Le Corbusier à Rezé, aussi silencieuse que Maurepas est une planète bruyante.

Oui, c’est cela. Je vis au bord d’un bois où l’on entend à peine les oiseaux se frôler. Le silence nous ramène à nous-même. En 2006, période douloureuse de ma vie, il m’était difficile d’écrire à Rezé, où j’étais contraint d’être seul face à moi-même. J’ai alors commencé à écrire à l’ordinateur, parce que dans l’ordinateur il y a du monde, grâce aux courriers qu’on peut recevoir et envoyer. Je pensais auparavant qu’il m’était impossible d’écrire à l’ordinateur, mais le clavier, comme le stylo lui aussi, est au bout des doigts.

J’ai pensé au recueil de Nicolas Bouvier, Le dedans et le dehors, en lisant ceci : « Vous êtes des gens de silence / les Bretons / d’un pays du dedans / non ? / nous venons du dehors / du temps qu’il fait dehors ». Vous citez Jacques Lacarrière. Ces noms renvoient au festival Etonnants voyageurs.

Oui, c’est ma famille. Je suis responsable de la programmation poésie de ce festival. Je vais bientôt recevoir une poétesse iranienne, mais aussi une auteure israélienne, qui est du côté du mouvement de la paix, et que j’ai préfacée en commençant ainsi mon texte : « Que c’est dur d’être israélienne en Israël ! » J’invite bientôt Christine Jordis autour de William Blake, mais aussi une poétesse bosniaque qui vit au Canada, et Atiq Rahimi. Les dialogues avec des écrivains du monde entier sont incessants. Je lis tout le temps, et, quand je ne lis pas, c’est que je suis en voiture en train d’écouter des voix. C’est mon métier. Mon panier se remplit constamment de tout ce que je peux. Je reçois aussi bien à Saint Malo qu’à Lannion, où j’ai créé il y a vingt-trois ans les rencontres « Il fait un temps de poèmes. »

Vous lisez également beaucoup de livres en tant que président du prix Louis Guilloux. Quelles sont vos liens de parenté avec l’auteur du Sang noir, qui est en quelque sorte un roman russe en terre bretonne ?

Je lis au moins une fois par an son livre intitulé Compagnons, histoire de trois ouvriers du bâtiment, personnages pour lesquels j’ai beaucoup d’affection. J’y retrouve chaque fois avec autant d’émotion cette phrase : « Va au fond de la soupe, c’est là que c’est le meilleur. » Cela me bouleverse. On peut penser en lisant ce livre aux Compagnons d’Emmaüs, lors d’une scène où tout semble parfait, réuni dans une sorte d’unité fondamentale, entouré d’un halo de communion. Compagnons est à la fois évangélique, au sens de la Bonne nouvelle, et ancré dans une culture de gauche irréductible. Ce livre est la conjonction de la verticale et de l’horizontale. J’aime beaucoup aussi La maison du peuple, dont chaque fois le peuple se fait expulser du rêve concret qu’il essaie de construire, mais il recommence à rêver... Nos grands-pères étaient tous les deux cordonniers socialistes.

Vous aimez sûrement aussi avec lui les grands prosateurs.

Oui, comme le Roumain Panaït Istrati, qui est l’un de mes auteurs de chevet. Il  fut le premier à avoir dénoncé les crimes de Staline dès 1929, ce qui lui a valu d’être mis au pilori de la gauche européenne de l’époque. Il a  écrit quelque part : «  Je ne suis pas contre les bolcheviks mais contre les mauvais bolcheviks… » C’était un grand sentimental. Laccarrière et Bouvier l’admiraient, de même que Michel Le Bris.  Il y aussi Tolstoï, avec La mort d’Ivan Ilitch, les nouvelles de Tchekhov, les romans de Thomas Hardy et Balzac, le cher Balzac, et tant d’autres…

Le mot « légende » revient à de multiples reprises dans vos textes. Ecrire des poèmes aujourd’hui, est-ce une façon pour vous de prolonger en quelque sorte la légende, par exemple celle d’un peuple brutalisé par la modernité matérialiste et le calcul omniprésent ? 

« Il y a une légende / sans laquelle les vies / ne seraient que des morts ». Je crois en une verticale inviolable, sacrée. J’en suis persuadé depuis l’enterrement de mon père, mort le 27 septembre 1965. Il était cantonnier auxiliaire, même pas titulaire, donc pas grand-chose pour les notables. Je ne l’ai vu en costume que le jour de ma communion, jour où il a eu une attaque, cela n’a donc pas duré longtemps. Il avait un bleu de travail, une casquette, des bottes en caoutchouc, comme ses copains. Le jour de son enterrement, il y a eu pour lui quatre prêtres, comme pour un petit pharaon. Il portait une chemise blanche avec des boutons de manchette qui brillaient d’un éclat vraiment particulier. J’ai alors pensé qu’au moins à ce moment-là mon père était un roi. Pour moi, profaner un cimetière est le crime des crimes. J’écris dans Une île en terre, et ce n’est absolument pas sinistre : « Je suis du pays de mes tombes. » Je vis, comme de moins en moins de gens, à vingt kilomètres du pays où je suis né, ce qui ne m’a pas empêché de voyager abondamment. 

L’Université vous lit-elle ?

Je ne sais pas. Je sais qu’il a eu quelques étudiants qui ont travaillé sur mes livres… à Brest et à Rennes, trois maîtrises, un DEA et une partie de deux doctorats. Mais je trouve que trop souvent  le point de vue universitaire s’apparente malheureusement à celui d’un médecin légiste qui veut  faire avouer son crime au texte. Alors que ce qui est merveilleux dans un poème est ce qui résiste encore et toujours à l’explication, ce qui ne se réduit pas au texte. Ce qui est entre les lignes, ce miracle silencieux qui nous fait lever la tête vers les nuages  à la lecture ou  à l’écoute de quelques vers.

Propos recueillis par Fabien Ribery

 

Yvon Le Men, Les rumeurs de Babel, éditions Dialogues, 2016, 192p

Yvon Le Men, Une île en terre, Les continents sont des radeaux perdus, 1, Editions Bruno Doucey, 2016, 110p

Yvon Le Men, Tirer la langue, La Passe du vent, 2016, 60p

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About the Author

Agrégé de lettres modernes, chargé de cours à l’Université Bretagne Ouest, dont les recherches concernent notamment la littérature contemporaine. Journaliste free lance.

 

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